Une obligation pour séduire les verts
Québec vient tout juste de lancer sur le marché mondial sa première émission d’obligations «vertes» d’un montant de 500 millions de dollars.
Pourquoi le ministre des Finances, Carlos Leitao, a-t-il lancé un programme d’émissions d’obligations «vertes» pour financer des projets gouvernementaux au lieu d’émettre, comme d’habitude, des obligations conventionnelles du gouvernement du Québec?
Y avait-il un problème d’écoulement des obligations conventionnelles? Non. Les nouvelles «obligations vertes» sont-elles plus avantageuses pour les investisseurs? Non. Sont-elles plus avantageuses pour le gouvernement? Non. Sont-elles vraiment différentes des obligations conventionnelles? Non. Ces obligations vertes représentent-elles pour le gouvernement une source additionnelle de financement? Même pas!
DU MARKETING
Alors, pourquoi émettre des obligations vertes? Je n’y vois qu’une seule explication: il s’agit tout simplement d’une opération de marketing pour attirer et plaire aux «verts».
En apposant l’étiquette «obligations vertes» à ses obligations, le gouvernement du Québec s’assure d’attirer les investisseurs institutionnels (fonds communs, caisses de retraite, assureurs, banques, etc.) qui recherchent des placements verts!
Et ça fonctionne. Quelque 90 % des ventes totales de l’émission inaugurale d’obligations vertes du Québec ont été effectuées auprès des investisseurs «ayant des mandats verts ou étant signataires des United Nations Principles for Responsible Investment».
Avec les 500 millions$ récoltés par sa première émission d’obligations vertes, Québec va financer quatre projets de transport public (voitures de métro AZUR, bus hybrides et deux au métro de Montréal: systèmes et infrastructures).
PAS INDISPENSABLE
Question: ces projets auraientils pu être financés par les obligations conventionnelles émises par Québec?
Eh oui! Ils auraient été financés «de toute façon» au moyen d’une obligation conventionnelle.
Et pour vous montrer à quel point le programme d’obligations vertes n’est pas indispensable, le ministère des Finances affirme qu’un projet «admissible» ne sera pas nécessairement financé par une obligation verte et qu’il pourra l’être par une obligation conventionnelle. Et il ajoute: «En résumé, un projet inscrit au PQI (Plan québécois des infrastructures) sera financé de toute façon, que ce soit par obligation verte ou conventionnelle».
RENDEMENT ORDINAIRE
En tant que petit épargnant, si vous croyez avoir raté une super occasion de placement en n’investissant pas dans les nouvelles obligations vertes de Québec, sachez que ce n’est pas le cas.
La nouvelle obligation verte d’un terme de cinq ans va rapporter un rendement de 1,65 %.
Épargne Placements Québec offre actuellement un rendement de 1,75 % sur son obligation à taux fixe de cinq ans.
Et entre nous, on s’entend que cette obligation n’est sûrement pas moins «verte» que celle qui en porte l’étiquette.