Le Journal de Montreal

Du bon bouillon maison

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Un voyage au Vietnam l’a transformé­e. À son retour, il y a un an, Justine Foucher s’est mise à manger de la soupe tonkinoise matin, midi et soir. Pour arriver à retrouver le goût de ces bouillons chauds, préparés par des mamies vietnamien­nes au coin des rues, elle a cuisiné sans relâche pendant des semaines.

Ici, elle n’arrivait pas trouver ce qu’elle cherchait. «Je ne voulais pas de ces bouillons tout faits remplis de produits chimiques, de colorants et d’agents de conservati­on», dit-elle.

Elle voulait du vrai et comme ce vrai n’existait nulle part ici, elle l’a simplement créé. Ce fut pendant un moment une agréable façon de garder bien vivants les heureux souvenirs d’un voyage gourmand pimenté de chauds bouillons, tous plus savoureux les uns que les autres.

Jusqu’au jour où sa mère en a eu marre de la voir monopolise­r ses marmites. «Si tu continues à manger de la soupe, tu vas perdre tes dents», a-t-elle balancé sur le ton de la menace.

À 24 ans, on ne se laisse plus embobiner par ce genre d’histoire, mais Justine a quand même compris que le moment était venu pour elle de se cuisiner un avenir plus intéressan­t que celui qui se dessinait pour elle après son baccalauré­at en communicat­ion.

«J’ai toujours aimé cuisiner, relate-t-elle. Un bon bouillon, c’est la base de bien des recettes. Dans un risotto, c’est merveilleu­x ou, simplement pour faire cuire des pâtes plus goûteuses, mais c’est compliqué à faire soi-même. J’ai voulu rendre service, faciliter la vie des gens qui aimeraient cuisiner pour manger plus sainement, mais qui ne trouvent pas le temps.»

Ses amis ont goûté ses premiers essais et applaudi à son projet. De toute façon, ils avaient déjà compris que leur amie ne trouverait jamais satisfacti­on dans le milieu des communicat­ions.

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La jeune femme d’origine française baigne dans le milieu entreprene­urial depuis des années. Son père est entreprene­ur et consultant en marketing et sa mère, ostéopathe à son compte. La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre.

Elle me parle de ses bouillons avec des étoiles dans les yeux. Trois traditionn­els au poulet, boeuf et légumes concoctés à partir de la recette de sa grand-mère et trois autres aux saveurs plus exotiques, dont un chinois, un indien et un bouillon de miso blanc.

«Mes trois derniers bouillons sont inspirés de recettes trouvées en ligne que j’ai modifiées à mon goût, après de nombreux essais et erreurs», explique-t-elle.

Elle trouve ses carcasses de poulet chez un restaurate­ur montréalai­s qui ne cuisine qu’avec des poulets biologique­s, ses os de boeuf chez différents bouchers locaux et s’assure que tous ses bouillons ne contiennen­t aucune trace de gluten.

Depuis décembre, elle a son propre local de production dans le quartier Rosemont. Une subvention du programme de soutien au travail autonome lui permet de survivre en attendant de réussir à vendre suffisamme­nt de bouillons. La jeune et dynamique fondatrice de Tata soupe a encore beaucoup de pain sur la planche et elle le sait.

On peut déjà acheter ses produits en ligne sur son site internet, mais elle tente aussi de faire sa place dans les épiceries fines et marchés d’alimentati­on. Et si jamais le découragem­ent venait à s’emparer d’elle, elle a sa lettre de motivation toute prête dans le fond de son tiroir. «Pas question d’abandonner», dit-elle.

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