Marc-Yvan Côté bel et bien impliqué dans la campagne de Philippe Couillard
Des courriels démontrent que l’ex-ministre a donné un coup de main, contrairement à ce qu’affirmait le PLQ
QUÉBEC | L’ex-ministre Marc-Yvan Côté, accusé de fraude, d’abus de confiance et de corruption, a participé à la campagne de Philippe Couillard lors de la course à la chefferie du Parti libéral du Québec, contrairement à ce que le parti a toujours prétendu.
Personnage controversé, Marc-Yvan Côté a été banni à vie du Parti libéral du Canada après avoir admis devant la commission Gomery avoir reçu 120000$ comptant en 1997 afin de rembourser des dépenses électorales de candidats.
Il a été arrêté par l’UPAC en mars 2016 en même temps que l’ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau à la suite d’une enquête sur le financement politique.
«Marc-Yvan Coté ne fait plus d’activité au Parti libéral du Québec depuis 2011», avait affirmé, en avril, Maxime Roy, directeur des communications du PLQ.
Or, une série de courriels obtenus par notre Bureau d’enquête contredisent ces affirmations.
« RESTE AVEC NOUS »
«Yes, Yes, Yes», se réjouit Lise Grondin dans un courriel adressé à Marc-Yvan Côté le 17 mars 2013, dans les heures qui ont suivi l’élection de Philippe Couillard à la tête du Parti libéral du Québec.
La militante de longue date et ancienne chef de cabinet de Michel Bissonnet lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale n’était pas seulement heureuse de partager sa joie avec M. Côté. Elle tenait aussi à le remercier de son implication dans la campagne.
«Même si tu étais dans l’ombre, félicitations d’être toujours là, et encore là… reste avec nous, on va en avoir besoin. Amitiés. XX», écrit-elle.
Dès le lendemain, M.Côté lui répond, se disant «heureux du résultat». «Il reste beaucoup de travail à faire», écrit-il avant de déplorer les tristes états financiers du PLQ après l’ère Charest: «2000000$ de dettes, incroyable après avoir amassé autant d’argent.»
Il poursuit en critiquant l’«organisation très centralisée» composée «de carriéristes et non de gens de terrain». Il conclut: «Même s’il faut additionner, j’espère que l’erre [sic] Johnson soit terminée [sic].» M. Côté faisait référence à l’ancien premier ministre libéral Daniel Johnson, toujours influent au PLQ.
De plus, le 22 mars 2013, quelques jours après la victoire du chef libéral, une adjointe de M.Côté lui signale par courriel que «Josée Lévesque du bureau de Philippe Couillard» a besoin de lui parler.
Mme Lévesque était, en 2013, organisatrice en chef de la campagne à la direction du PLQ de M. Couillard dans l’Estdu-Québec.
LE PLQ SE DÉFEND
«M. Couillard a toujours affirmé qu’il connaissait M. Côté», a réagi le porte-parole du premier ministre Harold Fortin.
«En 2012, dès le début de la course à la direction, M.Couillard a personnellement demandé à M.Côté de ne pas s’impliquer dans sa campagne. D’ailleurs, comme l’a déjà affirmé M.Couillard à plusieurs reprises, M. Côté n’avait aucun rôle dans l’organisation de sa course à la direction. Si, comme vous le prétendez, M.Côté n’avait pas respecté la directive et avait agi à l’insu de M. Couillard, c’est à M. Côté de répondre de cela.»