Le Journal de Montreal

Des cibles d’embauche peu réalistes dans les écoles

Le budget Leitao prévoit l’embauche de 1500 employés, dont 150 à la CSDM

- DOMINIQUE SCALI

Des enseignant­s doutent du réalisme de recruter 150 nouvelles personnes à la CSDM pour l’automne prochain comme promis dans le budget Leitao puisque des centaines de postes ne sont pas comblés dans les écoles.

«Il y a déjà un manque [de personnel], et ces gens sont censés être recrutés pour l’an prochain?» s’étonne avec scepticism­e Catherine Renaud, présidente de l’Alliance des professeur­es et professeur­s de Montréal.

Le gouverneme­nt Couillard a annoncé lors du budget de mardi que le réinvestis­sement en éducation devrait permettre l’embauche de 1500 nouveaux enseignant­s, profession­nels ou employés de soutien pour la rentrée prochaine.

CASSE-TÊTE

À la Commission scolaire de Montréal (CSDM), cela équivaut à quelque 150 nouveaux employés puisque 10% des élèves du Québec fréquenten­t une

« Il y a déjà un manque [de personnel]. et ces gens sont censés être recrutés pour l’an prochaIn ? » – Catherine Renaud, Alliance des professeur­es et professeur­s de Montréal

de ses écoles.

D’ici cinq ans, 7200 nouvelles personnes devraient être engagées dans les écoles de la province, a promis le gouverneme­nt. Chaque classe de maternelle et de première année devrait aussi bénéficier d’une ressource d’accompagne­ment, a affirmé le ministre.

Or, le recrutemen­t de ces ressources supplément­aires risque d’être un véritable casse-tête à Montréal, selon plusieurs acteurs du milieu. Même avant l’annonce du budget, la CSDM estimait avoir besoin d’engager 850 nouveaux enseignant­s pour l’an prochain.

Ce fort roulement s’explique par les départs à la retraite, les congés de maladie, mais aussi par l’augmentati­on du nombre d’enfants à Montréal, indique la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon.

Mais selon les syndicats, les écoles de la CSDM ne sont tout simplement pas attrayante­s pour les enseignant­s et profession­nels. Elles sont pour la plupart en milieu défavorisé, en mauvais état et la moitié de leurs élèves n’ont pas le français comme langue maternelle.

D’autant plus que les pénuries entraînent une surcharge de travail, qui entraîne de l’épuisement et des départs pour maladie, ce qui cause encore plus de manque d’effectifs, explique Mme Renaud. «Ça crée un cercle vicieux. Il faudrait vraiment améliorer les conditions de travail.»

FLEXIBILIT­É

De son côté, M me Harel-Bourdon avoue que les orthophoni­stes et psychologu­es sont particuliè­rement difficiles à recruter, notamment parce qu’ils peuvent travailler au privé.

Mais les cibles supplément­aires ne sont pas complèteme­nt irréaliste­s, car le budget Leitao ne spécifie pas pour l’instant le métier de ces 150 personnes à embaucher, nuance-t-elle. Si les commission­s scolaires peuvent avoir assez de flexibilit­é pour décider quels types de travailleu­rs engager, le recrutemen­t sera plus facile, conclut-elle.

Par ailleurs, elle note que l’embauche de 7200 personnes d’ici cinq ans posera aussi un défi aux université­s. Des mesures pour former plus de profession­nels et technicien­s en éducation sontelles prévues? Le Ministère n’a pas répondu à nos questions hier.

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Catherine Renaud, qui représente les enseignant­s de la CSDM, estime que le réinvestis­sement en éducation n’est pas suffisant.

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