Le Journal de Montreal

Une présidence historique­ment faible ?

- Pierre Martin @PMartin_UdeM

L’échec du président Trump à rallier les républicai­ns pour abroger la loi sur la santé de son prédécesse­ur est un signe de grande faiblesse pour une administra­tion dont le parti contrôle pourtant le Congrès.

Un commentate­ur conservate­ur américain opinait récemment que Donald Trump se dirige vers le pire démarrage d’une présidence de l’histoire, y compris celle de William Henry Harrison (il avait attrapé une pneumonie le jour de son investitur­e et en est mort un mois plus tard).

Son impopulari­té est telle qu’un appui à Trump est pratiqueme­nt toxique

Bref, ça va mal. Les sondages le confirment. Les 35 % d’approbatio­n de Donald Trump sont le pire niveau d’appui jamais enregistré par Gallup durant les 100 premiers jours d’un président, pire que le plus bas niveau de Barack Obama. Et l’économie va bien!

UN ÉCHEC RÉVÉLATEUR

D’abord, l’échec de la réforme de la santé a montré qu’un parti qui était unifié par une aversion pathologiq­ue à Barack Obama et Hillary Clinton ne semble pas capable de surmonter ses propres contradict­ions internes maintenant que l’heure est venue de gouverner.

Pour le candidat Trump, abroger et remplacer Obamacare devait être un jeu d’enfant, mais le président a été incapable de rallier ses troupes au projet bâclé de Paul Ryan.

À ce jour, le président Trump a été remarquabl­ement inapte à faire avancer ses dossiers prioritair­es et à constituer son équipe.

Sur les 553 postes qui doivent recevoir l’aval du Sénat, 491 n’ont pas encore de candidats. La machine gouverneme­ntale ne pourra pas tourner à vide indéfinime­nt.

Le prochain gros défi au programme est encore plus complexe. Trump promet une réforme du code fiscal et même s’il n’a pas besoin d’appuis démocrates, il ne lui sera pas plus facile de rallier son parti que pour la santé.

D’AUTRES NUAGES À L’HORIZON

Suite à l’échec de «Trumpcare», il s’est compliqué la tâche en blâmant ses propres alliés partisans. De plus, son impopulari­té est telle qu’un appui à Trump est pratiqueme­nt toxique pour les législateu­rs démocrates, même sur des dossiers qui leur sont favorables, comme les dépenses d’infrastruc­tures.

En plus, pendant que l’étau se resserre sur les liens possibles entre la campagne de Trump et les pirates informatiq­ues russes qui ont saboté celle d’Hillary Clinton, les conflits d’intérêts et autres problèmes éthiques qui s’accumulent à la porte de Trump minent sa capacité de mobilisati­on.

UN BON SIGNE

Le meilleur scénario pour Trump serait qu’il apprenne que la présidence n’est pas une entreprise familiale. L’apprentiss­age s’annonce difficile pour Trump. S’il n’y parvient pas, sa présidence a de bonnes chances de s’enliser.

Il y a malgré tout une bonne nouvelle dans cette histoire. Ceux qui craignaien­t que le penchant autoritair­e de Trump ne mette en danger la démocratie américaine peuvent respirer un peu car, pour le moment, les institutio­ns fonctionne­nt.

Si la tendance se maintient, celui qu’on craignait voir devenir une sorte de dictateur semble destiné à être l’un des présidents les plus faibles de l’histoire moderne.

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