Le tabou ultime
Ah, l’éducation… En cette année préélectorale, les partis politiques se précipitent tous pour en faire leur priorité. La cassette est un brin usée, mais elle fait encore illusion.
Après trois ans d’austérité, le budget du gouvernement Couillard vient tout juste d’en faire la découverte. Il promet de nouvelles sommes, mais comme par hasard, la majeure partie ne serait investie qu’après les prochaines élections.
Personne, ou presque, ne parle toutefois de l’éléphant dans la pièce. Le pachyderme en question étant notre propre système qui, au primaire et au secondaire, est jugé avec raison par le Conseil supérieur de l’éducation comme étant le plus «inégalitaire» au Canada.
TOUR DE BABEL
Nos écoles forment une véritable tour de Babel. Écoles publiques, privées subventionnées, confessionnelles subventionnées ou pas, programmes particuliers, milieux défavorisés, etc. Résultat: le beau principe de l’«égalité des chances» prend le bord. La mobilité sociale des enfants moins favorisés étant sa principale victime.
Le premier geste à poser pour redresser une telle injustice est pourtant évident: s’aligner sur d’autres provinces comme l’Ontario en mettant fin aux subventions publiques des écoles privées. Fini l’iniquité et l’«écrémage» des élèves par des écoles dites privées, mais dont les budgets sont subventionnés au Québec à hauteur de 60 à 70 %.
INJUSTICE FLAGRANTE
C’est ce que propose Gabriel Nadeau-Dubois, candidat pour Québec solidaire dans Gouin. Or, au Québec, c’est le tabou ultime. Quel autre parti, qu’il soit au pouvoir ou vise sa conquête, osera dire cette vérité aux parents dont les enfants profitent d’une telle iniquité? Qui risquera d’encourir la colère d’autant d’électeurs? Poser la question…
Qui, parmi les élus, risquera de voir ses propres enfants ne plus profiter du même système d’éducation à vitesses multiples? On aura beau réinjecter tout ce qu’on veut en aval, tant que cette injustice flagrante au primaire et au secondaire n’est pas éliminée en amont, la suite restera à l’avenant.