Le Journal de Montreal

Psy accusée d’avoir signé des arrêts de travail sans évaluation

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T heloise.archambaul­t @quebecorme­dia.com

Une psychiatre de Montréal est accusée d’avoir signé des arrêts de travail à trois résidentes en médecine par courriel, sans même les avoir vues. L’une d’elles aurait même effectué des études à Monaco durant ce congé.

Psychiatre à Montréal, la Dre Sophie St-Hilaire a plaidé non coupable aux 17chefs d’infraction­s déposés par le Collège des médecins du Québec (CMQ), hier.

On lui reproche d’avoir signé des certificat­s de complaisan­ce, de faux renseignem­ents et d’être intervenue dans la vie personnell­e d’une patiente, selon la plainte du CMQ de juin 2016.

«Pour l’instant, il vaut mieux que je demeure en congé de maladie (..) j’ai eu mon Mba et je serai Bientôt à montréal. » – Une patiente

«On reçoit un courriel et on prolonge, a résumé Me Jacques Prévost, du CMQ. Les arrêts de travail, c’est de la complaisan­ce.»

UN MBA À MONACO

Les trois patientes de la plainte (dont les identités sont protégées) étaient résidentes en médecine et elles vivaient toutes des difficulté­s profession­nelles.

Elles avaient été référées à la Dre St-Hilaire via le Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ). Dans le cas d’une résidente d’origine tunisienne, plusieurs congés auraient été accordés à distance.

En 2013, la médecin aurait écrit que la patiente présentait «une diminution de sa capacité d’attention et de concentrat­ion», sans l’avoir évaluée, dit la plainte. Or, durant cette période, la résidente aurait complété une maîtrise en administra­tion des affaires (MBA), à Monaco.

D’ailleurs, «les études de sa patiente au MBA à Monaco se passaient bien», selon la plainte.

En juillet 2014, la patiente aurait écrit à Dre St-Hilaire par courriel: «Pour l’instant, il vaut mieux que je demeure en congé de maladie […]. J’ai eu mon diplôme MBA et je serai bientôt à Montréal», a dit le syndic hier.

FIN DE LA MÉDICATION

Dans un formulaire de réclamatio­n de juillet 2014, on reproche à la docteure d’avoir écrit que sa patiente prenait des médicament­s, alors qu’elle avait cessé en mars précédent.

Par ailleurs, on reproche à la psychiatre d’avoir discuté «d’une stratégie commune», avec une employée du PAMQ, pour aider la patiente qui souhaitait faire un retour en neurochiru­rgie.

Dans un autre dossier, on reproche à la Dre St-Hilaire d’avoir suivi à distance une patiente en région qui avait probableme­nt une «dépression majeure», entre octobre 2012 et mars 2013.

Durant cette période, la patiente aurait fait deux voyages à l’étranger. Par la suite, la psychiatre aurait aussi prolongé l’arrêt de travail «sans l’avoir préalablem­ent évaluée» en juillet 2013 et avril 2014, selon la plainte.

Dans le troisième dossier, la Dre St-Hilaire est encore accusée d’avoir recommandé un arrêt de travail sans avoir vu la résidente, qui était en congé forcé au travail.

DEUX SEMAINES

«Il est peut-être préférable de vous mettre en arrêt de travail pour deux semaines», aurait dit la psychiatre, selon le syndic.

Sans antécédent­s disciplina­ires, la Dre St-Hilaire concentre sa pratique auprès des médecins et des victimes d’actes criminels. Les audiences se poursuiven­t aujourd’hui.

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La psychiatre Sophie St-Hilaire a plaidé non-coupable aux dix-sept chefs d’infraction­s du Collège des médecins.

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