Le Journal de Montreal

J’ai mal à ma droite

- Mario DuMont mario.dumont@quebecorme­dia.com

Je ne vous apprendrai rien en affirmant que mes idées économique­s et politiques se situent plutôt à droite. Je ne vois pas pour autant toutes les idées de droite comme la vérité, et le reste, de l’hérésie. Et je ne crois pas que la politique doive être dirigée par des idéologues.

Je crois aux principes simples qui ont guidé nombre de gouverneme­nts dans le monde. Aucun leader n’est parfait, mais j’ai admiré les Margaret Thatcher, Brian Mulroney, Ronald Reagan qui – chacun à sa façon – ont favorisé l’émergence de périodes de prospérité pour leur pays.

À droite, cela veut dire quoi? Une confiance dans la responsabi­lité individuel­le plutôt qu’un État qui prend tout en charge. Une fiscalité qui encourage l’effort et l’initiative. Un gouverneme­nt de taille moyenne qui équilibre son budget sauf en circonstan­ces exceptionn­elles. Des conditions de taxation et de réglementa­tion qui favorisent l’entreprene­uriat. Des lois et forces de l’ordre qui assurent la sécurité des familles.

PÉRIODE SOMBRE

Un long préambule pour dire à quel point la vie est dure pour les modérés de droite en 2017. Peu importe dans quelle direction on regarde.

Au centre de tous les débats, celui qui gouverne les États-Unis, élu sous la bannière des républicai­ns. Officielle­ment, Trump serait la droite aux États-Unis. Une vision protection­niste partagée par les vieux syndicats et Gabriel Nadeau-Dubois, un mélange de politique de droite, de gauche et d’incohérenc­e, le tout enveloppé dans une absence de profession­nalisme. Beau portrait!

En France, si l’on se fie aux sondages, la véritable droite sera éliminée au premier tour, le candidat Fillon étant plombé par les scandales. Celle qui portera le drapeau d’une quelconque droite lors du deuxième tour qui détermine la présidence sera Marine Le Pen. On l’appelle extrême droite à cause de ses positions anti-immigratio­n.

Ses politiques économique­s sont loin d’être de droite, surtout cette vision protection­niste, voire isolationn­iste à la Trump. Une vision des échanges commerciau­x incompatib­le avec une pensée économique cohérente de droite.

Pendant ce temps, en Grande-Bretagne, la conservatr­ice Theresa May travaille sur le Brexit, c’est-à-dire la sortie de son pays de l’Union européenne. Le Brexit résulte d’une bourde historique de son prédécesse­ur David Cameron, un autre leader de droite qui a eu la brillante idée d’offrir ce référendum auquel il ne croyait pas lui-même.

ET CHEZ NOUS ?

La course à la direction du Parti conservate­ur n’impression­ne pas. Maxime Bernier, un idéologue au jugement inégal, fait mieux que prévu, mais je suis loin de croire que les Canadiens voient en lui un premier ministre à ce point-ci.

Le nouveau «héros de la droite» entré dans la course, Kevin O’Leary, s’est ridiculisé en présentant une vidéo de lui-même s’exerçant à la mitraillet­te pendant les funéraille­s des victimes de la fusillade de Québec. Je veux bien qu’on fasse une analyse coût/bénéfice rigoureuse d’un registre des armes à feu. Mais se mettre en scène avec les babines qui branlent, attribuabl­es aux contrecoup­s d’une arme de guerre, pour plaire aux propriétai­res d’armes…

À l’Assemblée nationale, c’est plus simple: plus personne n’ose utiliser le mot droite.

Et l’hiver qui ne finit plus...

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Brian Mulroney
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