Huit agents pour maîtriser un propriétaire de pitbulls
Un des policiers a été frappé et garde des séquelles
Un homme dont le pitbull a défiguré une fillette de huit ans à Brossard a été déclaré coupable de voies de fait sur un huissier et un policier lors d’une intervention où ils ont dû se mettre à huit pour le maîtriser.
Le procès de Karim Jean-Gilles avait lieu hier au palais de justice de Longueuil, concernant un événement qui remonte au 12 janvier dernier. Vers 7 h ce matin-là, un huissier s’est présenté chez Karim JeanGilles pour lui remettre une citation à comparaître. Visiblement mécontent de cette visite, Jean-Gilles l’a menacé.
«Il m’a dit: Criss ton camp d’ici, je ne veux pas de ton papier », a témoigné l’huissier Martin Beaudin.
Il a ensuite été poussé aux épaules. L’agent de la paix s’est empressé de quitter les lieux, mais Jean-Gilles l’a poursuivi à l’extérieur, pieds nus, puis l’a roué d’une dizaine de coups au visage et au corps. M. Beaudin a réussi à partir et a appelé les policiers. Il n’a pas été blessé gravement.
CONNU DES POLICIERS
Huit policiers se sont ensuite rendus chez Jean-Gilles. Le suspect est en effet bien connu des autorités: il a été condamné à six reprises pour s’en être pris à des agents de la paix.
Il est aussi propriétaire des pitbulls qui ont attaqué une enfant dans un parc en septembre 2015. Il est accusé de négligence criminelle. La sommation remise par l’huissier concernait cet événement.
«On connaît son historique, on sait de quoi il est capable», a témoigné hier l’agent Dominic Arseneault.
À son arrivée, Jean-Gilles refusait de sortir de chez lui. Les policiers ont dû établir une stratégie d’intervention. Mais l’homme est sorti «de façon précipitée», les prenant par surprise. Alors que le suspect se dirigeait vers lui d’un pas assuré, l’agent Arseneault lui a demandé de lever les bras dans les airs.
« FUCK YOU PIGS »
Jean-Gilles s’est plutôt tourné pour frapper «super fort» le sergent-détective David Lelièvre, près de lui. Il a aussi crié: «Fuck you pigs». Atteint au cou, le détective a perdu connaissance quelques secondes. Les autres policiers ont réussi à maîtriser Jean-Gilles au sol.
Le sergent Lelièvre a expliqué hier qu’il souffrait encore des séquelles de cette agression. Il doit endurer des douleurs au cou et des maux de tête constants. Des troubles oculaires mineurs déjà existants ont également empiré et nuisent parfois à sa vision.
Karim Jean-Gilles a insisté pour se représenter seul pendant son procès. Il n’avait rien apporté de la preuve que Me Claudie Gilbert, de la Couronne, lui avait fournie. Il n’a pas témoigné et n’a fait entendre aucun témoin. La juge JulieMaude Greffe l’a reconnu coupable après avoir entendu la preuve. Les observations sur la peine auront lieu en mai.