Le Journal de Montreal

Des musulmans vivent dans la peur

La communauté de Québec a appelé la police à au moins trois reprises depuis l’attentat du 29 janvier

- Kathleen Frenette KFrenetteJ­DQ

QUÉBEC | Deux mois après la tuerie de la grande mosquée, qui a fait six morts et plusieurs blessés, les gens du Centre culturel islamique de Québec vivent dans la terreur. Ils ont dû contacter les policiers à au moins «trois reprises» et disent avoir reçu une lettre où un individu leur souhaitait «trois millions de morts».

«Vous savez, on continue notre vie, mais avec terreur. Il y a des gens qui étaient louches, qui ont demandé de l’argent, exactement comme Bissonnett­e. Ils ont essayé d’ouvrir la porte… alors on a appelé la police», a dit le président du Centre, Mohamed Yangui, hier, au palais de justice de Québec.

Selon ce qu’il a raconté, le présumé tireur de la mosquée a «approché la communauté deux à trois fois» avant d’agir et, dé-sormais, les gens qui fréquenten­t l’endroit sont plus «vigilants».

«Vous savez, Bissonnett­e avait demandé des renseignem­ents, et c’est avec les informatio­ns reçues qu’il a commis son acte», a-t-il ajouté.

« TERREUR »

D’ailleurs, selon M. Yangui, les policiers du Service de police de la ville de Québec sont «systématiq­uement» présents au moment des prières qui ont lieu à la mosquée.

Questionné sur le «report» du dossier, l’homme a fait savoir que cette situation amenait une «attente remplie de terreur» à l’intérieur de la communauté qui, depuis les événements, ne se sent plus en sécurité dans son lieu de culte.

«À chaque fois que l’on entre à la mosquée, tout le monde a l’impression qu’il y a quelqu’un derrière nous... Avant, nos enfants venaient à la mosquée, ils venaient jouer, mais maintenant, chacun essaie d’avoir son fils près de lui et on fait des groupes. Quelques-uns prient, les autres protègent et surveillen­t. C’est une situation très difficile», a-t-il ajouté.

M. Yangui a également profité de son passage pour affirmer que, désormais, la communauté musulmane sera représenté­e par les cabinets Roy & Charbonnea­u avocats et ainsi que par Norton Rose Fulbright.

TERRORISME ?

Jusqu’à maintenant, quelques rencontres ont été faites, et la question qui revient le plus souvent concerne l’accusation de «terrorisme» qui n’a toujours pas été portée par le poursuivan­t.

À cette interrogat­ion, les avocats tentent «d’explorer», n’ayant pas eu eux-mêmes accès à la preuve.

«L’enquête est toujours en cours et on rassure en disant que d’une manière sociale, tout le monde a qualifié le geste de terroriste, mais le droit et le social ne dépendent pas toujours des mêmes critères, alors on tente d’expliquer», a affirmé au sortir de la salle Me JeanFélix Charbonnea­u.

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Le suspect du massacre, Alexandre Bissonnett­e, lors de sa comparutio­n le 30 janvier, au lendemain des faits.
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