Couillard s’en remet à la compagnie et à ses actionnaires
Même s’il a investi plus d’un milliard de dollars dans les C Series, le gouvernement Couillard refuse d’exiger un pas de recul à Bombardier, qui vient d’accorder des hausses salariales mirobolantes aux grands patrons de l’entreprise.
Questionné à ce sujet, hier, Philippe Couillard s’est bien gardé de blâmer Bombardier pour la hausse de rémunération de 48% consentie à six hauts dirigeants du géant de l’aéronautique québécois.
«Fondamentalement, c’est une décision qui regarde l’entreprise et ses actionnaires», a déclaré le premier ministre, en point de presse.
«Si je me place dans la perspective des travailleurs, des fournisseurs. Est-ce que le moment est bien choisi? Est-ce que le message est bien choisi? J’aurais tendance à dire: “Probablement que non”», a réagi M. Couillard.
Bombardée de questions au Salon bleu par les partis d’opposition, la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a abondé dans le même sens que son chef, tout en invitant Bombardier à réfléchir. «Si j’étais dans les souliers de l’entreprise, je me questionnerais sur le message que j’envoie à la population, a dit Mme Anglade. Puis, si je me place dans les souliers des travailleurs, puis de la population québécoise, qui est choquée aujourd’hui, je peux les comprendre.»
« INDÉCENTES » ET « EXAGÉRÉES »
Les augmentations de salaire, de plusieurs millions de dollars, sont «indécentes» et «exagérées», ont dénoncé Jean-François Lisée et François Legault, en pressant le gouvernement d’intervenir.
«C’est une gifle aux Québécois», a déploré le chef du Parti québécois, en rappelant que Bombardier a mis à pied des milliers de travailleurs québécois au cours des derniers mois.
«Il y a un genre d’indécence organisée, dit M. Lisée. […] On se vote des augmentations de salaire, alors qu’on a détruit le gagne-pain de milliers de Québécois.»
Ces dirigeants qui empochent aujourd’hui des millions de dollars en hausses de salaire sont les mêmes «qui ont amené Bombardier presque au bord de la faillite», a souligné François Legault.