En colère contre Bombardier
93 % des répondants dénoncent la forte hausse des rémunérations des dirigeants
Les Québécois sont presque unanimement contre les généreuses hausses de rémunération des hauts dirigeants de Bombardier, à tel point qu’ils regrettent le 1,3 milliard versé par le gouvernement Couillard pour aider l’entreprise.
Un sondage Léger/TVA/Le Journal a révélé hier un rare consensus parmi la population québécoise. Une écrasante majorité (93 %) se dit contre la décision de Bombardier de gonfler de 48 % la rémunération de ses hauts dirigeants, malgré les milliers de mises à pied et l’octroi d’importantes aides gouvernementales.
«C’est le plus haut taux de désaccord jamais mesuré dans nos sondages express. Les jeunes, les vieux, les anglophones, les francophones… la population est quasi unanime sur cette question», conclut le sondeur Jean-Marc Léger.
Le sondage montre aussi que les contribuables ne partagent pas l’avis du premier ministre Philippe Couillard, qui pense que ce cadeau pour la haute direction «est une question qui regarde l’entreprise et ses actionnaires».
Les subventions provinciales de plus d’un milliard de dollars injectées dans le fleuron québécois devraient même être «réévaluées» à la lumière de ces informations, estiment les répondants.
RÉPUTATION
La confiance des Québécois envers la multinationale de l’aéronautique a radicalement chuté en deux mois. Le sondage indique une baisse de 23 points d’opinions favorables envers Bombardier par rapport à sa dernière mesure, en février 2017.
«Cela va heurter la réputation de Bombardier pendant longtemps s’ils ne réagissent pas rapidement», commente Jean-Marc Léger.
Surtout que, de l’avis populaire, les performances boursières ne justifient en rien une telle hausse de rémunération. Six grands patrons devaient se partager près de 43 millions de dollars canadiens pour l’exercice 2016, dont 12,5millions pour le président et chef de la direction Alain Bellemare à lui seul.
RENONCIATION
Pour réparer les pots cassés, 9 répondants sur 10 croient que les dirigeants de Bombardier devraient renoncer aux millions qui leur sont offerts, comme l’a déjà annoncé Pierre Beaudoin, le président du conseil d’administration de la compagnie. Les cinq autres grands patrons de l’entreprise ne l’ont toujours pas suivi dans cette voie.