Une décision jugée « indécente »
Des intervenants critiquent la position de l’entreprise qui défend les salaires de ses hauts dirigeants
Des intervenants consultés par Le Journal qualifient d’«indécente» et d’«indéfendable» la décision de Bombardier de maintenir la hausse de la rémunération des grands patrons.
«La population comprend que l’argent qui a été utilisé pour ces bonis est son argent, et c’est avec raison qu’elle dénonce cette décision», souligne Carl Vallée, directeur pour le Québec de la Fédération canadienne des contribuables.
Plusieurs estiment que Bombardier manque de jugement en défendant les primes et les hausses de salaire des hauts dirigeants malgré les milliers de mises à pied et l’aide financière de plusieurs milliards de dollars consentie par Québec et Ottawa pour la sortir du pétrin.
«Je ne sais pas ce qui s’est passé dans leur tête. Ça n’a aucun sens», lance Mehran Ebrahimi, directeur du Groupe d’études en management des entreprises en aéronautique de l’UQAM.
ROUVRIR L’ENTENTE
La réouverture de l’entente conclue entre le gouvernement et Bombardier a été réclamée hier par les partis d’opposition à Québec.
«Ça a été négocié en amateur, a affirmé le porte-parole péquiste en matière d’économie Alain Therrien. Ça fait deux ans qu’on dit ça. Et les preuves s’accumulent.»
Le gouvernement Couillard n’a pas réagi hier, se limitant à dire qu’il ne commente pas les sondages.
Une motion sera déposée par le Parti québécois mardi, à la reprise des travaux à l’Assemblée nationale. Elle stipulera que l’importante aide financière que l’État a accordée à Bombardier aurait dû limiter l’octroi de bonis aux dirigeants, que tous les dirigeants de l’entreprise devraient renoncer à l’augmentation de leur rémunération pour 2016 et que le premier ministre devrait faire une demande formelle en ce sens à la direction.
«[Le gouvernement] devrait prendre acte de la colère des Québécois et je pense que le premier ministre du Québec a toutes les raisons d’être gêné de son attitude, parce que, on l’a vu, cette colère-là, que les Québécois ont exprimée depuis que la nouvelle est sortie, a forcé, minimalement, un des administrateurs à reculer, alors que le premier ministre est resté totalement inerte», a déclaré le député caquiste Éric Caire.
PÉTITION
La formation Québec solidaire a affiché une pétition à cet effet sur le web.
«Monsieur Beaudoin et les autres dirigeants de Bombardier se sont fait prendre les mains dans le sac, a dit le député Amir Khadir, samedi. Les contribuables sont révoltés. L’annonce d’hier [vendredi] soir [de Pierre Beaudoin] n’est pas suffisante. Les dirigeants de Bombardier devraient avoir honte et renoncer immédiatement à ces augmentations indécentes.» – Avec la collaboration de Boris Proulx