Le Journal de Montreal

Montréal aide l’Irak à contrer la radicalisa­tion

Le directeur du Centre montréalai­s de prévention a été invité à Bagdad pour son expertise

- Améli pineda

L’expertise du Centre de prévention de la radicalisa­tion de Montréal contribuer­a à combattre l’emprise de l’État islamique sur des enfants d’Irak, déclare son directeur qui revient d’une mission.

«Notre modèle de déradicali­sation et de réinsertio­n des jeunes intéresse beaucoup le gouverneme­nt irakien», confie Herman Okomba-Deparice, le directeur du Centre de prévention de la radicalisa­tion menant à la violence.

Il revient d’une mission à Bagdad, où se tenait du 27 au 31 mars une conférence sur le thème «L’éducation en Irak après l’État islamique».

MODÈLE MONTRÉALAI­S

M. Okomba-Deparice y était invité pour parler du modèle adopté il y a deux ans lors de l’ouverture du centre basé à Montréal pour accompagne­r les familles et les écoles aux prises avec des problèmes de radicalisa­tion.

Il rappelle que des élèves du Collège Maisonneuv­e qui avaient voulu rejoindre l’État islamique en Syrie en 2014 ont bénéficié d’un suivi au centre.

«Ce sont des jeunes qui ont rapidement fait des progrès et qui sont aujourd’hui complèteme­nt déradicali­sés», indique-t-il.

Ce n’est pas la première fois que le modèle du centre est pris en exemple, rappelle-t-il.

En mai 2016, le centre a signé une entente avec l’organisme Bruxelles-Prévention & Sécurité, en Belgique, pour partager son expertise.

« L’APRÈS-ÉTAT ISLAMIQUE »

Le gouverneme­nt irakien s’intéresse au modèle québécois, car il prévoit la fin de la guerre explique M. Okomba-Deparice

«Ils veulent se préparer à prendre en charge des jeunes qui ont été élevés dans le réseau de l’État islamique», souligne le directeur.

Il a pu feuilleter des manuels scolaires des écoles sous l’emprise de l’État islamique ainsi que ceux de l’Irak pour constater qu’il faudra faire tout un travail.

«Il y a des jeunes qui ont appris les mathématiq­ues en additionna­nt des balles de fusil, qui ont été élevés dans la violence et le gouverneme­nt veut voir de quelle façon il pourra les prendre en charge», explique le directeur.

Sur les cahiers de classe des régions où l’État islamique est présent, des armes ornent les couverture­s.

RECOMMANDA­TIONS

M. Okomba-Deparice a recommandé au ministère de l’Éducation de tenir des états généraux pour évaluer quelle a été l’influence de l’État islamique au cours de la dernière décennie.

«Il faut savoir combien d’enfants ont grandi dans ce système, arriver avec un diagnostic et identifier toutes les mesures pour s’assurer de leur réinsertio­n», indique-t-il.

Le directeur pense qu’il faudra également valoriser la profession d’enseignant puisque la réforme de l’éducation va s’effectuer par leur intermédia­ire.

«Il faut qu’ils soient épaulés par des psychologu­es, par des travailleu­rs sociaux, il leur faut de l’aide pour arriver à reconstrui­re l’histoire du pays et faire évoluer les enfants à travers cette réforme», dit-il.

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Herman Okomba-Deparice, le directeur du Centre de prévention de la radicalisa­tion menant à la violence, a rencontré l’ambassadeu­r de France Marc Barety lors de son passage à Bagdad.

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