PRATIQUES SEXUELLES PLUS HARD CHEZ DES ADOS
Des intervenants montrent du doigt l’influence néfaste de la pornographie qu’ils consomment
QUÉBEC | Des adolescents ont des pratiques sexuelles de plus en plus hard, selon une intervenante dans des écoles secondaires qui montre du doigt l’influence néfaste de la pornographie, à portée de clic.
La sexologue Annick Kershbaumer travaille dans les écoles secondaires du BasSaint-Laurent depuis huit ans. Au cours des dernières années, elle a vu une évolution «malsaine» dans les pratiques sexuelles des jeunes, qui est «directement reliée à la pornographie», selon elle.
CheCk-lists
Étrangler légèrement la jeune fille pendant une relation sexuelle, insultes et tapes sur les fesses… «Il y a comme des modes au niveau des pratiques, lance Mme Kershbaumer. Les élèves se font des genres de check-lists. Ils vont dans un party, ils ramassent une fille pour qui ils ont un respect vague et relatif, et c’est souvent comme ça, hors du contexte amoureux, que ça va arriver. Ça, vraiment, il y en a de plus en plus», affirme la sexologue, qui voit défiler dans son bureau des garçons qui consomment «presque tous» de la pornographie.
Dans plusieurs cas, les limites du consentement sont floues parce que les filles ressentent de la pression, ajoute la sexologue. Par exemple, lors de sa première relation sexuelle, une jeune fille de 13 ans a accepté d’avoir une relation anale, pensant que c’était «normal» alors qu’elle l’a regretté par la suite, raconte la sexologue, qui est l’une des rares au Québec à travailler à temps plein pour une commission scolaire.
LA PORNO « A LE DOS LARGE » ?
Mais d’autres trouvent au contraire que «la porno a le dos large», comme Simon-Louis Lajeunesse, professeur associé à l’École de service social à l’Université de Montréal, qui a étudié la question auprès de jeunes hommes. Son influence reste à démontrer sur le plan scientifique, affirme-t-il. «Il faut sortir de l’anecdote», dit-il. Il y a des comportements déviants qui ont toujours existé, rappelle M. Lajeunesse.
Le directeur du Centre d’intervention en abus sexuels pour la famille, qui intervient auprès d’enfants et d’adolescents qui ont commis des agressions sexuelles, pense toutefois le contraire. «Les enfants qu’on accueille dans les groupes ont été exposés à de la pornographie très jeune, et, oui, ça peut influencer», affirme Simon Drolet.
De son côté, la sexologue Valérie Morency rappelle qu’il ne faut toutefois pas mettre tous les jeunes dans le même panier. «Il est faux de dire que tous les jeunes sont influencés par la porno et qu’ils répètent ce qu’ils ont vu. Arrêtons de généraliser», lance-t-elle.