Le Journal de Montreal

Il peut maintenant s’en moquer avec ses amis

- Hugo duchaIne

En voyant Michael Deboever soulever des haltères sans effort au-dessus de sa tête, il est difficile de croire que l'homme de 34ans se remet à peine d’une chirurgie contre le cancer des testicules.

«Je n’ai jamais vu ça venir», confie l’athlète de crossfit, qui s’entraîne tous les jours et surveille ce qu’il mange, en plus d’être propriétai­re d’un gym à Dollard-des-Ormeaux.

Assis dans le bureau du médecin, démoli et en larmes, «c’était comme si un million de lames de couteaux [le] transperça­ient d’un coup», quand on lui a appris la mauvaise nouvelle.

Tout a commencé en septembre 2016, quand il a reçu un coup douloureux aux testicules en jouant au paintball avec des amis. Une fois l’hématome violet disparu, une drôle de sensation persistait sur l’un de ses testicules, comme s’il était recouvert d’une croûte.

Ce Belge établi au Québec depuis 10ans a toutefois remis à plus tard sa visite chez un médecin à deux reprises. «L’ego prend le dessus, il y a une énorme gêne à aller consulter», dit-il. Près d’un mois et demi plus tard, il y est finalement allé et rapidement, on l’a adressé à un urologue.

SPERME CONGELÉ

D’emblée, le médecin lui a dit qu’une chirurgie pour enlever un testicule était sa seule chance de survie. Il lui a conseillé d’aller faire congeler un échantillo­n de sperme dans une clinique de prélèvemen­t, ce qu’il a fait le lendemain.

«Il y avait un risque de rester stérile et j’aimerais avoir des enfants un jour», dit l’homme célibatair­e. Son sperme est gardé dans une banque si jamais il en a besoin.

La chirurgie a été plus compliquée que prévu, puisqu’une condition génétique fait en sorte qu’il a 10 fois moins de plaquettes dans son sang pour coaguler. Il a dû recevoir des transfusio­ns sanguines, pour augmenter son nombre de plaquettes, tout en se faisant injecter du Benadryl pour repousser les réactions allergique­s.

Pour cette raison, il a choisi de ne pas se faire installer de prothèse après l’opération, car malgré un faible risque de rejet, il n’aurait pas pu repasser sous le bistouri.

Si physiqueme­nt il a retrouvé sa forme, recommença­nt même à s’entraîner tranquille­ment en vue de compétitio­ns de crossfit, il continue de vivre des hauts et des bas psychologi­quement, même guéri.

Il se sent notamment intimidé à l’idée de devoir aborder la question avec une future partenaire sexuelle.

EN RIRE

Malgré tout, il n’hésite pas à en rire quand ses amis le taquinent à propos de son seul testicule, car le fait d’en parler, dit-il, les encourage à être plus vigilants. «Si ça m’est arrivé à moi, qui suis en [parfaite] santé, ça peut arriver à tout le monde», dit-il, ajoutant que la perte d’un testicule «ne diminue pas un homme».

Déjà, il encourage tous ses amis à vérifier leurs testicules sous la douche, le meilleur moment selon les médecins.

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S'entraînant tous les jours et surveillan­t son alimentati­on, Michael Deboever ne s'attendait jamais à recevoir un diagnostic de cancer à 34 ans.

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