Le Journal de Montreal

Il avait honte de consulter

Trop gêné d’aller voir son médecin, le jeune homme souhaite que les autres ne fassent pas comme lui

- Hugo Duchaine HDuchaineJ­DM

Trop gêné et même honteux d’aller se déshabille­r devant un médecin, Florent Savini a enduré pendant un mois des douleurs intenses aux testicules laissant, sans le savoir, son cancer gagner du terrain.

«Faites l’inverse de ce que j’ai fait», lance-t-il aujourd’hui en riant, après une opération pour lui enlever un testicule et des mois de traitement­s de radiothéra­pie pour enrayer son cancer.

Jamais ce Français de 25 ans installé à Montréal depuis sept ans n’aurait pensé que ses «spasmes violents» étaient dus à un cancer des testicules. Puis, l’idée d’aller se faire tâter les parties intimes chez le médecin l’a longuement fait hésiter à consulter.

En janvier 2017, il a finalement décidé d’aller consulter. Les médecins ont d’abord cru que ses symptômes étaient ceux d’une infection transmise sexuelleme­nt.

S’il n’avait pas autant attendu, il aurait peut-être pu s’éviter les longs traitement­s de radiothéra­pie qui ont rendu ce photograph­e et éclairagis­te fatigué et incapable de travailler pendant des mois.

«Pour moi, c’était pire que d’aller chez le dentiste, alors qu’il n’y a aucune honte. Le médecin était très à l’écoute et profession­nel», se rappelle-t-il.

Il a reçu son diagnostic de cancer en mars, puis a été opéré en mai. Pendant tout l’été et l’automne, il est resté presque caché pendant ses traitement­s. La honte et la gêne qu’il a longtemps ressenties ont même fait en sorte qu’il n’a pas averti sa famille avant plusieurs mois.

PROTHÈSE

Maintenant en rémission, Florent Savini n’a plus aucune trace de son cancer et doit passer des tests tous les trois mois pour s’assurer que le cancer ne reviendra pas.

Il a même une prothèse en silicone pour remplacer le testicule qu’il a dû se faire enlever. De même poids et de même forme qu’un testicule, fixée à l’aide de points de suture, la prothèse est une illusion réussie, dit Florent Savini.

«C’est mon confort visuel, ça fait du bien à la tête», admet-il candidemen­t. Pendant les deux semaines entre son opération et l’ajout de la prothèse, ce dernier avait toujours l’impression qu’il lui «manquait quelque chose».

S’il choisit de parler de son cancer, c’est qu’il déplore le manque de sensibilis­ation auprès des hommes qui ont, selon lui, l’habitude de tout garder pour eux.

MOVEMBER

C’est pourquoi il s’est engagé dans la campagne Movember l’automne dernier, qui fait la promotion de la santé masculine, alors que ses traitement­s tiraient à leur fin. Mettant sa gêne de côté, il a fait un discours public pour raconter ce qu’il a vécu et convaincre les hommes de consulter à leur tour.

Cette année, il va se rendre dans des cégeps et écoles secondaire­s pour apprendre aux jeunes l’importance de toucher leurs testicules chaque jour, car ce cancer n’a pas d’âge comme il l’a appris à la dure.

«C’est un geste anodin et pourtant on ne prend pas le temps de le faire, alors que ça ne prend que 30secondes», souligne-t-il.

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Comme beaucoup d’autres hommes, Florent Savini, âgé de 25 ans, était gêné à l’idée de se faire toucher les testicules par un médecin. C’est pourquoi il a enduré des douleurs un mois avant d’enfin consulter.
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