Guillaume Musso séduit encore
Avec un talent indéniable, un sens aigu du storytelling, des idées audacieuses pour détourner les codes et surprendre ses lecteurs, le romancier français Guillaume Musso s’est surpassé cette année pour offrir un thriller où l’art, la lumière et la beauté
Ce thriller parfois très dur, tout en contrastes, rythmé serré comme une partition de jazz, débute dans la cohue de l’aéroport Charles-de-Gaulle, avec des allures de comédie romantique. Madeline, qu’on a déjà croisée dans L’Appel de l’Ange, loue l’atelier de feu Sean Lorenz à Paris pour s’isoler et se reposer. À la suite d’un malentendu, elle se trouve nez à nez avec Gaspard, un écrivain américain misanthrope qui a loué le même atelier pour écrire en paix.
QuêTe
La cohabitation forcée risque de tourner au vinaigre lorsque Madeline et Gaspard, fascinés par le génie de Sean Lorenz, apprennent que Sean Lorenz, terrassé par la mort de son fils, est décédé un an auparavant.
Il a laissé trois tableaux derrière lui. Trois oeuvres qui font que Madeline et Gaspard mettent leurs différends de côté pour se lancer dans une quête qui les mènera jusqu’en Amérique et changera leur vie à jamais.
Guillaume Musso a pris plaisir à entraîner ses lecteurs dans cette nouvelle aventure où l’art – «un mensonge qui dit la vérité» – a une place d’honneur. «C’est jamais facile, après 14 livres, de continuer à surprendre, de continuer à susciter de l’engouement et de la curiosité de la part des lecteurs», exprime-t-il en entrevue.
Un appartement à Paris est l’un des romans les plus émouvants qu’il a écrits. «C’est sûrement en tous cas l’un des plus denses, des plus matures», note-t-il. Il avait ce sujet en tête depuis cinq ou six ans et dit être dans le moment de sa vie où il a pu en tirer la quintessence. «La première fois que j’ai eu l’idée de ce livre, c’est au moment où j’ai commencé à habiter à Paris.»
arT cOnTemPOrain
Guillaume vient d’Antibes, dans le sudest de la France. «Mon premier appartement à Paris était situé en face d’une galerie d’art et tous les matins, je passais devant cette galerie et je voyais un très grand tableau que je trouvais fascinant par ses couleurs envoûtantes, et l’impression que ce tableau m’aspirait un petit peu comme un vortex. J’ai commencé à imaginer une histoire autour de ce que ce tableau représentait, et j’ai fini par l’acheter.»
Petit à petit, il s’est intéressé à l’art contemporain. Il a rencontré des galeristes, artistes et a beaucoup lu sur le sujet. «À un moment, j’ai eu cette envie d’écrire sur la création. J’ai toujours été passionné par l’acte créatif, et surtout par le carburant qu’il faut pour arriver à créer, et où les artistes puisent ce carburant. C’est assez singulier parce que souvent, pour créer, il faut détruire. C’est un des thèmes du roman.»
DéTOurner les cODes
Il avait également envie de partir d’une situation qui puisse faire penser à une comédie romantique... et la faire dérailler. «Ces deux êtres qui recherchent la solitude se retrouvent forcés de cohabiter et ce qui semble être un scénario de comédie romantique va très vite glisser dans une enquête assez tragique. J’avais cette envie de détourner les codes, de toujours surprendre le lecteur.»
Il y a des passages très difficiles, qui vont beaucoup émouvoir les parents. «C’est pour ça que c’était important que ce roman se termine vraiment de façon positive et lumineuse. (...) Les personnages sont cabossés, ils ont souffert, mais le chemin les a quand même menés vers la lumière.»