Pourquoi la SQ a-t-elle espionné notre journaliste ?
Le registre cellulaire de Nicolas Saillant a été consulté par la SQ en 2012
Le journaliste Nicolas Saillant du Journal de Québec vient s’ajouter à la liste des reporters qui ont été épiés par des policiers.
Le directeur général de la Sûreté du Québec Martin Prud’homme a révélé lors des audiences de la commission Chamberland, hier, qu’un nouveau cas de journaliste surveillé avait été porté à son attention.
REGISTRE CELLULAIRE
La SQ a refusé de commenter le dossier publiquement hier, mais M. Saillant a pu en savoir plus en fin de soirée.
Son registre cellulaire a été consulté pendant deux mois en 2012, a-t-il indiqué au Journal.
Il ne savait toutefois pas encore pour quelle raison ou à quel sujet il a fait l’objet de cette surveillance.
«On n’était pas en mesure d’être plus précis sur la période [de consultation de mes appels]. Je ne sais donc pas pourquoi la SQ trouvait essentiel de fouiller dans mes affaires», s’est-il étonné.
«C’est très préoccupant. C’est un autre élément d’information qui démontre la pertinence de [la commission Chamberland]», a pour sa part réagi Sébastien Ménard, éditeur et rédacteur en chef au Journal de Québec.
DEPUIS 1995
La commission Chamberland a été créée en novembre dernier après l’éclatement du scandale des journalistes qui ont été épiés ou mis sous écoute à leur insu par la police de Montréal et la SQ.
Le directeur de la SQ a expliqué qu’il avait demandé cet automne à son équipe de fouiller les dossiers jusqu’en 1995 afin de déterminer s’il existait d’autres cas de journalistes espionnés.
Le 20 décembre, il a été informé de l’existence du dossier de M. Saillant, un cas jusqu’alors inconnu du public et du principal intéressé. Le journaliste a été épié «dans le cadre d’une enquête pour entrave déclenchée en 2012», peut-on lire dans une lettre de la sous-ministre de la Sécurité publique envoyée à la commission en janvier.
LONGS DÉLAIS
La commission n’a à ce jour reçu aucun document supplémentaire sur l’affaire, même si elle en fait la demande à la SQ, a dit Me Charles Levasseur, avocat en chef adjoint de la commission.
De son côté, le porte-parole de la SQ Guy Lapointe a répondu que la commission avait demandé un volume important de documents et que ceux relatifs à la surveillance de M. Saillant n’avaient pas été requis en priorité.
La SQ a indiqué lors des audiences qu’aucun journaliste n’est actuellement sous surveillance dans le cadre de ses fonctions.