Vive les gens de Québec
Durant trois jours à Québec, au cours du Salon international du livre, j’ai été plongée au coeur de la jovialité, de la chaleur humaine et de la vivacité d’esprit des habitants de Québec.
En cette période si sombre où chaque jour nous enfonce dans l’actualité de malheurs nouveaux, cette plongée dans la culture québécoise vivante a produit sur moi un effet thérapeutique.
Le Salon du livre de Québec, avec 68 000 visiteurs qui ont défié le froid, les trombes d’eau et un vent à écorner le parlement, a battu son propre record d’assistance.
Les Québécois achètent des livres. Ils aiment lire et échanger avec des auteurs. Ils font preuve d’une politesse et d’une courtoisie, lesquelles à Montréal se sont perdues dans les nids-de-poule. Plutôt que de mitrailler en photo les auteurs à leur insu, ils demandent la permission de le faire. Un détail? Erreur! Cette politesse est l’expression d’un respect en voie de disparition.
NOSTALGIE
On a le sentiment à Québec de revenir en arrière. De retrouver ces vieilles valeurs de convivialité, d’échanges sans acrimonie et de confrontation d’idées.
Les Québécois sont aussi préoccupés de l’avenir, mais contrairement aux préjugés que porte sur eux une certaine élite montréalaise snobinarde, ces inquiétudes ne s’expriment pas par le rejet de l’Autre. «Je suis un Québécois plus bronzé que les autres», m’a lancé avec un sourire dévastateur un garçon noir de 18 ans, adopté par des Tremblay, qui souhaitait discuter du dernier ouvrage de Michel Onfray, Décadence.
Mes chauffeurs de taxi étaient serbe, croate, tunisien (de Sfax). Ils étaient unanimes: pas question de vivre à Montréal «C’est trop grand et il y a trop d’étrangers», m’a dit le Tunisien. J’ai souri.
Les gens de Québec sont vibrants, affables. Et les radios-poubelles sont en voie d’extinction faute de relève de gueules ordurières.