Le Journal de Montreal

Santé : évitons les promesses d’ivrogne

- DAviD DescôteAux david.descoteaux@quebecorme­dia.com

Le gouverneme­nt promet, dans son dernier budget, que la santé sera «au coeur du plan économique 2017». On nous promet même une réduction des délais d’attente dans les hôpitaux!

Bonne chance. On apprenait en février que la situation s’était détériorée dans presque la moitié des urgences du Québec en 2016. Le temps d’attente moyen est de plus de 15 heures et la situation s’est détériorée dans 48 hôpitaux sur 119. Cette semaine, la CAQ dévoilait que les Québécois qui s’inscrivent sur

Le problème des urgences ne s’améliore pas, il empire

une liste pour avoir un médecin de famille doivent attendre plus de 16 mois pour être pris en charge.

LE PROBLÈME EMPIRE

Tous les gouverneme­nts qui se succèdent depuis 30 ans se cassent le nez sur cette promesse. Le problème des urgences ne s’améliore pas, il empire. Cette longue attente est un résultat du mal principal qui afflige notre système de santé: l’accès. Ou dans le jargon: la fameuse première ligne. C’est connu, notre système de santé est aussi bon que les autres… une fois qu’on est pris en charge. Mais pour franchir cette première ligne, c’est-à-dire réussir à voir un médecin, bonne chance!

En juin dernier, le Commissair­e à la santé et au bien-être faisait le constat – pas surprenant – que le temps d’attente dans les urgences du Québec est le pire au Canada. Et même dans tout l’Occident. Mais le Commissair­e relevait aussi des faits intéressan­ts.

Parmi les causes perçues de l’encombreme­nt à l’urgence, pouvait-on lire dans son rapport, deux trônent au sommet: il y a trop de patients qui se présentent à l’urgence avec des problèmes mineurs pouvant être traités ailleurs et il y a trop de lits occupés par des patients en fin de soins actifs qui attendent une place en hébergemen­t ou en CHSLD, par exemple.

« NE FOURNIT PAS »

En d’autres termes, les urgences débordent parce qu’il y a beaucoup trop de gens qui n’ont pas d’affaire là. Et ces gens se retrouvent à l’urgence, justement, parce que la première ligne «ne fournit pas». C’est le noeud du problème.

Parmi les solutions possibles: payer le médecin à la prise en charge et non à l’acte, miser sur les «superinfir­mières» (le Québec n’en compte qu’environ 225 contre plus de 2000 en Ontario), former plus de médecins et accepter plus de médecins avec des diplômes étrangers (on en trouve seulement 11 % au Québec contre 33 % dans le reste du Canada).

Sauf qu’on tombe ici dans les batailles de clocher entre divers groupes d’intérêts. Aussi, des intervenan­ts m’ont confié que les économies que procurerai­t une superinfir­mière par rapport à un médecin ne sont pas aussi évidentes qu’on croit. Ni d’ailleurs la réelle valeur des diplômes étrangers dans la réalité du système québécois.

Bref, rien n’est simple, en santé. Et le gouverneme­nt a besoin d’avoir un solide plan avant de nous faire ce genre de promesse.

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