Le Journal de Montreal

Incapable de marcher, il continue à jouer au hockey

- ISABELLE HOULE

Un homme incapable de marcher en raison de la sclérose en plaques réussit à être gardien de but grâce à une chaise spéciale qui a été inventée pour lui permettre de se déplacer sur la glace.

Frédéric Renaud, 44 ans, a joué au hockey toute sa vie. Il y a sept ans, il a appris qu’il souffrait de sclérose en plaques.

Depuis un an, il n’est plus capable de se tenir debout puisqu’il n’a plus de force dans les jambes.

Mais sa passion pour le hockey est intacte et il déprimait à l’idée de devoir regarder depuis les estrades ses amis s’amuser.

«Quand tu apprends que tu es malade, ça tombe comme une tonne de briques», dit-il.

Un de ses proches qui est soudeur, Claude Hamel, 79 ans, a alors eu l’idée de lui fabriquer une chaise pour lui permettre de continuer à jouer.

Depuis un an, il joue une fois toutes les deux semaines avec ses amis.

La chaise permet à M. Renaud d’être très mobile devant son filet. Il arrive à se mouvoir en balançant son tronc d’un côté ou de l’autre et en s’aidant un peu avec ses jambes et ses bras, qu’il accroche à la cage de but. La chaise lui permet même de se pencher facilement pour immobilise­r la rondelle.

Il y a cependant une règle spéciale quand il joue. Les buts marqués en dessous de ses genoux ne comptent pas.

«C’est certain que je n’ai pas le même niveau qu’avant. Mais juste de pouvoir jouer et respirer l’odeur de l’aréna, ça me fait le plus grand bien», dit M. Renaud.

Sans cette chaise, il est évident qu’il ne pourrait plus jouer au hockey.

ADRÉNALINE

«Ça donne un rush d’adrénaline. Quand je suis sur la glace, je retrouve mes jambes. Je ne sens plus la maladie. Ça fait du bien au moral. Peu importe comment, je trouve le moyen d’arrêter la rondelle, même si c’est avec ma tête», raconte Frédéric Renaud.

La chaise est constituée d’une tige télescopiq­ue ajustable pivotante, fixée sous le filet et à une chaise en bois. Des roues ont été installées sous la chaise, permettant à M. Renaud de bouger aisément.

«Ça me fait chaud au coeur de le voir jouer et s’amuser. Je suis content qu’il puisse prolonger sa carrière au hockey», dit M. Hamel, qui envisage d’ailleurs d’installer un mécanisme électrique pour la chaise.

PAS DE PITIÉ

«Je le connais depuis très longtemps et, sur la glace, on ne lui fait pas de cadeau. Il ne veut pas de pitié. Je suis fier qu’il joue encore», ajoute Stéphane Dick, le directeur du Complexe Guimond de Laval.

Propriétai­re d’un commerce de sport à Saint-Canut, dans les Laurentide­s, Frédéric Renaud se dit bien entouré et compris. Il ne sait pas ce que l’avenir lui réserve ni quand il devra cesser de jouer, mais il reste souriant et il apprécie les petits détails. «Je veux juste jouer au hockey.»

Frédéric Renaud a déjà joué dans la East Coast Hockey League et dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec dans les années 1990.

« c’est certain que je n’ai pas le même niveau qu’avant. mais juste de pouvoir jouer et respirer l’odeur de l’aréna, ça me fait le plus grand bien » – Frédéric Renaud

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Chaque fois qu’il enfile son équipement spécial, Frédéric Renaud se sent comme un homme nouveau sur la glace.
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