La saison prend fin dans le scandale
La neuvième saison de la KHL, qui s’est terminée la semaine dernière, a été qualifiée de la plus «intéressante» dans l’histoire de la ligue par son président, Dmitry Chernyshenko. Il est bien le seul à le croire.
Pour tous les autres, la saison 20162017 a levé le voile sur la profonde crise identitaire qui secoue la ligue, qui s’éloigne de plus en plus de ses principes fondateurs et de sa volonté de construire une organisation professionnelle de style nord-américain. Tranquillement, la ligue revient au modèle soviétique avec ses quelques clubs phares et un champion prédéterminé.
On prédisait la Coupe Gagarine au SKA de Saint-Pétersbourg dès le mois d’août 2016 et peu de doutes subsistaient quant à sa capacité de triompher lors des dernières séries éliminatoires.
Malgré la bonne opposition offerte par le Metallourg de Magnitogorsk, le SKA a terminé la campagne éliminatoire avec seulement deux défaites en plus de dominer outrageusement ses adversaires au chapitre des tirs au but et des occasions de marquer.
Bien sûr, la victoire du SKA contre le Metallourg ne s’est pas faite sans scandales. Le Metallurg a été outré par l’arbitrage dans le quatrième match, alors que le SKA a marqué le but décisif sur un jeu de puissance à la suite d’une «pénalité douteuse» pour obstruction attribuée au meilleur marqueur de l’équipe, Danis Zaripov.
La pénalité a été signalée après que Zaripov eut fait contact avec un défenseur du SKA à la ligne bleue, pour l’empêcher d’atteindre le porteur de rondelle. Bien que ça ressemblât en tout point à de l’obstruction, Zaripov et ses coéquipiers estimaient que ce type de pénalité était habituellement toléré dans les séries éliminatoires et que les arbitres voulaient simplement aider le SKA.
LE SKA FAVORISÉ
Pendant qu’il était au banc des pénalités, Zaripov s’est lancé dans une longue tirade qui a résonné dans tous les salons russes. Il a notamment fait remarquer que le hockey n’est pas du ballet et que le SKA, en tant que champion de la ligue, était clairement privilégié par la KHL. Pour être honnête, beaucoup de gens ont le même sentiment à propos de la formation de Saint-Pétersbourg.
Difficile de ne pas avoir une dent contre une équipe au budget illimité qui ignore le plafond salarial ou qui le redéfinit pour servir ses propres intérêts. D’autant plus que l’équipe est dirigée par les gens les plus riches de Russie qui sont, aussi, dans la haute direction de la KHL en plus d’être de proches amis du président russe. On peut donc pardonner à ceux qui pensent que cette équipe n’est pas nécessairement sur un pied d’égalité avec les autres.
Une autre révélation, faite peu après le quatrième match, est instantanément devenue un objet de dérision partout dans les médias de hockey. L’entraîneur du «Magnitka» a déclaré avoir trouvé des appareils d’écoute dans le local des entraîneurs des visiteurs à l’aréna de Saint-Pétersbourg. L’engin, muni de batteries AAA et de ruban adhésif, ne sortait clairement pas tout droit des laboratoires du KGB, mais le «Magnitka» a démontré qu’il avait eu raison d’engager des spécialistes pour examiner les locaux avant chaque match contre le SKA.
Avec ou sans l’aide de Vladimir Poutine, ou les joueurs vedettes Pavel Datsyuk et Slava Voynov qui ont manqué la série finale en raison de blessures, le SKA était clairement le géant de la KHL. La victoire a donné à Ilya Kovalchuk sa deuxième Coupe Gagarine et, peut-être, la motivation nécessaire pour faire un retour dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Mais là encore, lorsqu’on joue pour l’équipe favorite de Poutine, a-t-on vraiment besoin de chercher ailleurs un plus vert pâturage?
LA PORTE POUR SEMIN
Les séries d’Alexander Semin avec le Metallourg ont été désastreuses. Alors qu’on lui demandait d’être le moteur de la deuxième ligne, Semin n’a compté aucun but durant toutes les séries du «Magnitka», et semblait complètement désintéressé et désengagé. Ce qui ne devrait pas être une surprise pour ceux qui l’ont suivi dans la LNH, incluant son court passage à Montréal.
De la même façon, ce n’est pas un choc d’apprendre que le Metallourg a annoncé cette semaine qu’il n’offrirait pas de prolongation de contrat à l’ailier de 33ans.
Si seulement Corsi et Fenwick étaient connus en Russie, Semin aurait pu avoir un contrat aussi long que celui de son ami Alex Ovechkin.