Dans l’ombre des gros canons
Les Islanders ont resserré leur jeu à la ligne bleue
CHARLOTTETOWN | Que ce soit en saison régulière ou dans les séries éliminatoires incluses, la puissance de frappe extraordinaire des Islanders est sous tous les réflecteurs. La brigade défensive a donc évolué dans l’ombre.
Les entraîneurs se plaisent à marteler que toute bonne attaque commence par la défensive. C’est notamment le cas de Jim Hulton, à Charlottetown, qui peut compter sur de gros canons comme Daniel Sprong, Filip Chlapik, François Beauchemin et Alex Dostie à l’avant, pour ne nommer que ceux-là.
«Notre noyau défensif est passé sous le radar tout l’hiver, parce que nous avons marqué tellement de buts, a justifié l’instructeur. Mais nous savons que, ultimement, avec un bon gardien, c’est la défensive qui fait gagner un championnat.»
Hulton a trouvé les solutions en mettant son plan à exécution après un début de saison plus qu’ordinaire en territoire défensif.
Il a solidifié son noyau défensif à la période des transactions en allant chercher les services de Nicolas Meloche et de Carl Neill, et du gardien Mark Grametbauer. Il ne faut surtout pas oublier le jeune homme masqué dans l’équation.
Résultats des courses: ses Islanders ont bondi du 11e rang dans la colonne des buts alloués, soit 123 en 33 matchs, au sixième échelon. Ils ont terminé en concédant 91 buts en 35 rencontres, affichant une moyenne de 2,6 buts alloués par match.
Les soldats envoyés en infériorité numérique ont aussi changé la donne. Ils ont fait passer les «Isles» du 18e au 11e rang en moins de deux mois.
LES FRUITS DES EFFORTS
Hulton a vu que les ajustements à son système ont porté leurs fruits en fin de calendrier régulier. Depuis le début de la danse printanière, ses patrouilleurs à la ligne bleue sont on ne peut plus efficaces. Avant le duel d’hier contre l’Armada, les Islanders maintenaient une moyenne de 1,65 but alloué par rencontre.
«Nous avons beaucoup travaillé sur le repli défensif des attaquants. Ils devaient venir soutenir la défensive. S’ils le font, les défenseurs peuvent ensuite se porter confortablement à l’attaque, a expliqué l’instructeur, fier de l’implication de tous ses hommes dans le système.
«Il a fallu souder l’attaque à la défense, a continué celui qui a multiplié les entraînements sur une demi-glace. Ça n’a pas été facile. Ils ont acheté le système. Les défenseurs doivent défendre la glace devant eux et les attaquants défendent celle derrière eux. Je dois encore souvent le leur rappeler.»
TRAVAIL EFFICACE
Le prometteur espoir au prochain encan de la LNH, Pierre-Olivier Joseph a vu le jour et la nuit dans les performances défensives de son équipe. «C’est un travail collectif. L’attaque nous soutient et nous soutenons l’attaque. Tout le monde met son grain de sel. On se fait une fierté de limiter les chances de marquer.»
Pour la première fois de sa carrière, le capitaine Guillaume Brisebois a affiché un différentiel positif. Son +35 lui a permis de terminer au troisième échelon parmi les arrières de la Ligue. En janvier, il a retrouvé Nicolas Meloche, un compagnon de jeu de longue date dans les compétitions nationales et internationales.
«Nous avons beaucoup appris dans notre territoire. Avant les transactions, on gagnait en allant chercher chaque pouce de la patinoire. Avec l’ajout de Meloche et Neill, des joueurs de talent, c’est plus facile. La pâte a levé rapidement.
«Nous essayons de nous faciliter la vie et ça fonctionne, a poursuivi l’espoir des Canucks de Vancouver.
«Nous n’avons pas accordé beaucoup de buts en séries. On se sacrifie en bloquant des tirs, a-t-il continué en croisant les doigts et en touchant du bois. Il est conscient que son équipe ne blanchira pas toujours l’Armada durant la demi-finale. Nous jouons bien en unité de cinq. Il ne faut surtout pas tricher.»
Il n’a pas à s’inquiéter, selon son compagnon à la ligne bleue. «L’Armada ne devrait pas marquer tant de buts dans cette série, a lâché Meloche sur un ton teinté d’arrogance à quelques heures du premier revers. Tu peux l’écrire. Leur éthique de travail peut faire tourner le vent, mais pas leur production. C’est plaisant de les frustrer devant le filet, a conclu le défenseur natif de Rosemère. Pour les gars de la région de Montréal, c’est comme une fierté.»