Il n’a pas été payé depuis six mois
Le système de paie Phénix crée plusieurs drames
Un père de famille qui n’a pas reçu de chèque depuis six mois se sent «pris à la gorge» à cause des ratés du système de paie fédéral Phénix.
«Je suis dans le néant, carrément. Je me sens laissé à moi-même dans cette situation et je ne sais pas si je vais un jour être payé. Je suis endetté, tout est mis sur les cartes de crédit. [...] Je vais peut-être devoir faire faillite», dénonce Éric Drouin lors de la manifestation de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) devant les bureaux, à Montréal, du premier ministre Justin Trudeau.
PRIVÉS DE SALAIRE
M. Drouin fait partie des quelque 86 000 fonctionnaires sur 300 000 qui ont éprouvé des problèmes de paie. Les employés touchés ont parfois été trop payés, sous-payés ou privés de salaire.
Éric Drouin, qui travaille pour Innovation, Sciences et Développement économique Canada, s’est résigné à se mettre en arrêt de travail en février en raison du stress vécu à cause de Phénix.
«Je suis pris dans un carcan bureaucratique, car je suis incapable d’obtenir de l’aide. J’ai perdu espoir», raconte le père de famille de 38 ans.
Sa conjointe Amélie Turgeon affirme que cette situation se répercute sur l’ensemble de la famille. «C’est difficile pour tout le monde. Une chance que ses parents nous aident dans cette épreuve», affirme-t-elle, leurs deux enfants dans les bras.
UN AN DE BORDEL
Josée Poirier, une travailleuse saisonnière pour Parcs Canada, n’a toujours pas vu la couleur de son argent pour ses jours fériés et ses heures supplémentaires.
«Je travaille quatre mois par année et ça va faire bientôt un an que je n’ai pas pu régler la situation. J’ai de la misère à payer mes cartes de crédit et les intérêts s’accumulent», raconte-t-elle.
Neuf activités de mobilisations de l’AFPC se sont déroulées partout dans la province hier pour dénoncer les ratés de ce système depuis son implantation en février 2016.
Le gouvernement fédéral a annoncé cette semaine la création d’un groupe de travail pour régler la situation, ce qui rend furieuse la vice-présidente exécutive régionale de l’AFPC pour le Québec, Magali Picard.
«C’est un manque de respect pour les gens qui éprouvent des problèmes depuis plus d’un an qu’on se décide de réagir maintenant», s’est-elle insurgée.
Ottawa prévoyait faire des économies de 70 M$ par an en payant ses employés avec Phénix. L’aventure lui a plutôt coûté 50 M$ l’an dernier.
— Avec l’Agence QMI