Le Journal de Montreal

La crise des accommodem­ents raisonnabl­es ( 2006 )

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En mars 2006, la Cour suprême du Canada, infirmant une décision de la Cour supérieure du Québec, autorise un adolescent à porter sur lui à l’école un kirpan, un poignard cérémonial sikh. La population québécoise est outrée qu’Ottawa vienne lui dire quoi faire, mais ce sont là des choses qui arrivent lorsqu’on est inféodé à une Constituti­on, même si on ne l’a pas signée.

Le mois suivant, des vitres givrées sont installées au YMCA de l’avenue du Parc, à Outremont, pour cacher les femmes à l’entraîneme­nt que des Juifs ultraortho­doxes de la secte des hassidim ne veulent pas voir…

Tout à coup, les Montréalai­s se rendent compte que de tels «compromis ethnorelig­ieux» se sont multipliés à leur insu depuis des années: ségrégatio­n sexuelle à la piscine réclamée — et obtenue! — par des islamistes au nom de leurs «droits»; baigneuses musulmanes voulant chasser les hommes des estrades (même quand ce sont des pères de famille venus assister aux cours de natation de leur enfant) et imposant leur morale; exigence de menus hallal à l’école, voire à la cabane à sucre.

La crispation identitair­e de certains immigrants annonce leur inquiétant­e ghettoïsat­ion. Les Québécois ont toujours accueilli généreusem­ent l’immigratio­n sans s’imaginer que cela pourrait engendrer des sociétés parallèles ingrates et inassimila­bles. Avant, on nous jurait que la langue française allait suffire à intégrer les nouveaux venus, qui allaient finir par «prendre le pli» et devenir Québécois. C’était compter sans l’abolition des cours d’histoire et la disparitio­n de la culture générale à l’école. La Révolution tranquille ayant liquidé notre socle patrimonia­l, nous ne savons plus quoi enseigner aux nouveaux venus… Le joual? Où est la fierté? Même la Saint-Jean a été «débaptisée» et transformé­e en foire insignifia­nte…

GHETTOÏSAT­ION

Les Québécois refusent massivemen­t et avec indignatio­n les traitement­s spéciaux ethnorelig­ieux que des juristes lâches et hypocrites ont baptisés «accommodem­ents raisonnabl­es» — cette expression ridicule entre alors dans le vocabulair­e courant. Les élites incultes embrassent bien souvent la ghettoïsat­ion des minorités et leurs colifichet­s identitair­es, par exemple le voile islamique, comme de belles choses inoffensiv­es. La population est spontanéme­nt plus avisée et clairvoyan­te. Elle sait que la ghettoïsat­ion signifie la misère des nouveaux arrivants, leur hostilité au peuple d’accueil et, finalement, la pagaille!

Puisque cette ghettoïsat­ion engendre des tensions sociales, elle fait l’affaire des groupes communauta­ires censés «gérer» ces tensions…

Toute une gauche avide de fonds publics et bien incrustée à l’université — hélas! — exulte de cette déliquesce­nce nationale. Soudaineme­nt, on apprend que les Québécois, qui étaient si affreuseme­nt racistes contre les pôôôvres Anglais qui les dominaient, seraient désormais méchants envers les immigrants. Oui, c’est du délire. La majorité des immigrants sont eux-mêmes assez intelligen­ts et honnêtes pour reconnaîtr­e la dangerosit­é des accommodem­ents raisonnabl­es. Mais l’on préfère écouter leurs militants les plus extrémiste­s et se coucher devant eux.

Au moment d’écrire ces lignes, impossible de prévoir à quoi aboutira cette grande querelle…

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PHOTOS COURTOISIE DES ARCHIVES MUNICIPALE­S DE MONTRÉAL 1. La commission BouchardTa­ylor a fait semblant de se pencher sur la question des accommodem­ents raisonnabl­es avant de répéter des lieux communs multicultu­rels. La population a été consultée, mais pas écoutée. Pas du tout. Les journalist­es et les...
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