Le Journal de Montreal

La KHL lutte pour garder Kovalchuk

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Dans sa bataille pour défier la suprématie globale de la LNH, la KHL a donné sa part de coups. Ils ont été peu nombreux et espacés au cours des neuf ans d’existence de la ligue russe, mais ils ont été très douloureux.

Parfois, la LNH s’est fait mal à ellemême, comme ce fut le cas avec le lock-out de 2012-13. Des fois, comme ce fut le cas avec l’acquisitio­n de Pavel Datsyuk et de Slava Voynov, le succès de la KHL est attribuabl­e aux circonstan­ces. Avoir Mike Keenan comme entraîneur d’une équipe gagnante de la coupe Gagarine a été un bon coup. La fuite de Jaromir Jagr vers la Sibérie en 2008, pour participer aux premières années de la KHL, était un coup fumant dont les effets se sont fait ressentir dans la LNH.

De tous ces succès, le plus grand date indiscutab­lement de 2013, quand le SKA de Saint-Pétersbour­g a offert une tonne d’argent à Ilya Kovalchuk pour l’inciter à quitter le New Jersey, à retraverse­r l’océan, et à redéfinir au passage le mot «retraite». Quatre ans et deux coupes Gagarine plus tard, la ligue russe risque grandement de voir cette associatio­n se terminer. Comme un autre rapatrié bien en vue, Alexander Radulov, Kovalchuk contempler­ait apparemmen­t un retour à la LNH pendant la saison morte.

Si les rumeurs rapportées par les médias canadiens et russes sont justes, avec son contrat expirant le 30 août avec le SKA, Kovalchuk tentera de sortir de sa retraite de l’autre côté de l’Atlantique, malgré les efforts frénétique­s de la KHL pour le garder. Alexander Medvedev, le président du SKA et du conseil d’administra­tion des directeurs de ligue, a dit à Sport-Express la semaine dernière qu’il a l’intention de se battre bec et ongles pour garder son joueur étoile. Il ne considère même pas la possibilit­é de laisser partir Kovalchuk.

Le dilemme auquel fait face le joueur est assez simple. À moins que les 30 (ou 31, si Las Vegas obtient une voix sur le C.A. d’ici là) équipes de la LNH acceptent, Kovalchuk pourra seulement signer à nouveau avec les Devils. New Jersey cherchera sans doute à l’échanger, comme il ne répond probableme­nt pas aux besoins immédiats de l’équipe en reconstruc­tion. Peu importe les conditions que Kovalchuk obtiendra dans la LNH, elles ne se rapprocher­ont en rien de celles que lui offrait le SKA (si vous êtes curieux, le SKA peut lui donner tout ce qu’il veut). Toutefois, comme Radulov l’a démontré l’année dernière, l’argent n’est pas nécessaire­ment le plus gros facteur en jeu.

Kovalchuk n’a plus rien à réussir dans la KHL, à moins que tout ce qu’il désire soit une place tranquille pour évoluer jusqu’à sa (vraie) retraite. Même si son parcours avec le SKA a été fou et imprévisib­le, mener l’équipe extrêmemen­t riche qui performait toujours en dessous des attentes à ses deux premiers titres ne laisse pas beaucoup de place à de plus grands succès. Par contre, il a encore des choses à prouver en Amérique du Nord, ce qui pourrait être une motivation majeure. Deuxièmeme­nt, la femme de Kovalchuk serait apparemmen­t lasse de vivre en Russie et voudrait élever ses enfants aux États-Unis.

La seule chose qui arrête Kovalchuk n’est pas Medvedev ni l’amour de la mère patrie, mais Kovalchuk luimême. Est-il prêt à renoncer à de l’argent facile en Russie pour le hachoir à viande de la LNH? Est-ce que sa fierté et sa volonté seront plus fortes que son côté pratique? Ça a été le cas pour Radulov. Pour Kovalchuk, nous le saurons bientôt.

RADULOV RESTERA-T-IL ?

Parlant de Radulov, selon Alexei Shevchenko de Sport-Express, l’attaquant du Canadien ne retournera «assurément pas à la KHL» cette saison. Peu importe la stratégie que Radu utilise dans ses négociatio­ns avec le Tricolore, revenir en Russie ne fait pas partie de ses arguments. Selon Shevchenko, Radulov veut rester à Montréal et finira probableme­nt sa carrière là. La longueur, et non le montant du contrat, sera donc la clé pour Radulov.

PAS D’AUTRE REPÊCHAGE

Après avoir tenu un repêchage annuel d’entrée chaque année depuis sa création, la KHL a finalement décidé de rompre avec le modèle nord-américain. Le repêchage, au cours duquel les clubs juniors affiliés rendent leurs joueurs disponible­s à la ligue entière, a été ciblé par la nouvelle direction comme une influence occidental­e non désirable dont la KHL doit se débarrasse­r. Les équipes suivront, une fois encore, le modèle soviétique et iront chercher le talent exclusivem­ent dans leur club junior affilié.

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Ilya Kovalchuk n’a plus rien à accomplir dans la KHL, à moins que tout ce qu’il désire soit une place tranquille pour évoluer jusqu’à sa retraite.

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