Je vous l’avais dit
Voici ce que j’écrivais en mars 2013 sur la commission Charbonneau dans une chronique intitulée «Faudrait pas noyer le poisson».
«…Elle aura beau durer 18 ans, si aucun élu n’a à répondre de ses gestes, si aucune personnalité publique n’est trouvée responsable de quoi que ce soit, la commission Charbonneau sera non seulement perçue comme un gaspillage de temps et de 20 millions de dollars, le niveau de cynisme des Québécois va augmenter à un point tel que la vie démocratique en sera affectée pendant longtemps (mes italiques).»
J’aimerais bien posséder un cynisme-o-mètre pour mesurer l’augmentation du niveau de cynisme au Québec depuis.
FRUSTRATIONS RÉELLES
Une commission n’envoie pas de gens en prison malgré les rumeurs, les insinuations ou les témoignages béton. Son rôle est de comprendre les stratagèmes, pas de rendre la justice.
C’est à la police d’enquêter et au DPCP de déposer des accusations le cas échéant. En espérant que le politique ne s’en mêle pas, comme dans les républiques de bananes, quand de grosses légumes sont pointées du doigt.
Le Québec n’est pas une république de bananes.
Je suis méfiante de nature, ça vient avec le métier, mais je ne crois pas un instant que nos institutions démocratiques protègent les puissants qui posent des gestes criminels.
Comment ne pas être dubitatifs devant les «révélations» du président de la Fraternité des policiers de Montréal faites le jour même où le gouvernement annonce la fin des pantalons de clowns?
Mais je ne m’explique toujours pas pourquoi la commission Charbonneau n’a pas fait comparaître messieurs Bibeau et Charest.
Pour plusieurs, le jello saveur cynisme a pris ce jour-là.
COMPRENDRE RIEN À RIEN
L’image des Québécois que renvoient les réseaux sociaux nous montre une population non seulement en colère, mais de plus en plus persuadée que tous les politiciens sont pourris, que tous les entrepreneurs sont des voleurs, que tous les juges sont des vendus, que tous les médias protègent les puissants et que tous les partis politiques n’existent que pour ramasser de l’argent.
Combien de fois doit-on répéter que c’est faux?
Oui, certains joueurs, une minorité, sont équipés d’une conscience plus élastique que souhaitable et l’ambition en aveugle d’autres, mais nous sommes tous des êtres humains faillibles.
Qui n’a jamais gonflé une réclamation d’assurances? Qui n’a jamais oublié un T4? Qui n’a jamais payé un contracteur ou un garagiste sous la table?
Ce sont des petits montants, direzvous.
Plus ils sont gros, plus les gens sont honnêtes, peut-être?
LES CONSÉQUENCES
Vous me trouvez naïve? Vous ne croyez plus à rien ni à personne? Vous aimeriez mieux vivre dans un monde sans politiciens, sans médias qui ne pensent pas comme vous et même sans tribunaux indépendants? Vous ne faites plus confiance à la démocratie à ce point?
Vous êtes mûr pour le chant des sirènes de la dictature.
Mûrs pour croire aux belles paroles de ces manipulateurs qui nous promettent un monde parfait à condition que nous mettions notre cerveau à off, nos principes en veilleuse, et que nous acceptions de les suivre sans poser de questions, alimentés par notre cynisme.
Le cynisme poussé à l’extrême tue la démocratie.