Prêts à tout pour avoir du sable
Des résidents de l’île Mercier sont allés jusqu’à défier le maire Coderre pour traverser le pont menant chez eux
Des riverains exaspérés sont allés jusqu’à défier le maire Denis Coderre, hier sur l’île Mercier à Montréal, afin d’apporter des sacs de sable jusqu’à leur maison pour la protéger de la crue des eaux.
«Faut se battre pour chaque poche de sable [...] on n’a pas d’aide, ce qu’ils veulent, c’est qu’on s’en aille», tonne Jean Ouellet, qui a passé la journée d’hier à barricader sa maison avant que l’eau ne monte encore plus.
Le pont qui relie l’île Mercier, où il habite, à L’Île Bizard sur la rivière des Prairies, avait complètement disparu sous les forts courants. Les autorités avaient même interdit aux véhicules d’y circuler.
Une vingtaine de résidents ont déjà fui l’île, mais d’autres persistent et veulent sauver ce qui leur reste. Des dizaines de maisons sont déjà inondées.
Avant de visiter les lieux en après-midi, le maire Denis Coderre annonçait une «décision imminente de mesures d’urgence» visant l’évacuation forcée de l’île Mercier. Mais il s’est fait klaxonner par des résidents mécontents déterminés à traverser le pont avec leur pick-up afin d’apporter des sacs de sable chez eux.
PONT ENDOMMAGÉ
S’il leur a d’abord dit de faire demi-tour, le maire s’est ensuite ravisé devant l’insistance des citoyens.
Le pont se désagrège, selon le maire. Même s’il comprend la frustration, il faut parfois «protéger les gens même contre eux-mêmes».
Une fois sur l’île, l’eau parfois jusqu’aux hanches, M. Coderre a rencontré la même hargne de résidents se sentant abandonnés.
C’est le cas de Pierre-Luc Cauchon, un père de quatre enfants de 32 ans, qui vient d’investir 30000$ dans son sous-sol. Il a dû se battre pour obtenir des sacs de sable, qu’il a finalement transportés sur un pédalo jusque sur l’île Mercier.
DÉCISION AUJOURD’HUI
Afin de calmer la grogne, le maire de l’arrondissement, Normand Marinacci, dit avoir convaincu le maire Coderre de reporter sa décision d’évacuer ou non à aujourd’hui.
«Il ne connaît pas L’Île Bizard comme moi je la connais [...]; ce que les gens veulent, ce sont des sacs de sable», affirme l’élu.
Ainsi, il assure que quelque 600 sacs supplémentaires ont été livrés en soirée, hier pour les résidents.