Le Journal de Montreal

Stephen Harper 2.0, avec un sourire

Défenseur de la gestion de l’offre laitière, le père de 5 enfants s’inspire de son ancien chef Stephen Harper

- BORIS PROULX

Presque inconnu des Québécois, l’ex-président de la Chambre des communes Andrew Scheer est le candidat à la chefferie du Parti conservate­ur qui a recueilli le plus d’appuis auprès de ses collègues de la province. Il se présente comme «M. Compromis», le seul qui peut unir les différente­s «sortes de conservate­urs» comme l’a fait son idole, Stephen Harper. Sentez-vous que vous êtes méconnu du public au Québec ?

Il y a beaucoup de travail à faire [pour se faire connaître], mais j’ai déjà commencé. J’ai un très grand réseau de relations avec des groupes du Québec. J’ai une base très forte avec quatre députés québécois [Alain Rayes, Luc Berthold, Pierre Paul-Hus et Sylvie Boucher, NDLR] qui m’appuient. Après la course, en tant que chef, j’aurai une meilleure plateforme pour envoyer mes messages. Je pourrai augmenter ma reconnaiss­ance au Québec.

Qu’aimez-vous du Québec ?

J’ai passé beaucoup de fins de semaine à Montréal pendant mes études, et j’ai pu aller voir un match des Canadiens. C’est de bons souvenirs. Aussi, avec mes parents, nous avons fait des voyages à Québec quelques fois quand j’étais jeune. J’aime la langue, les vieux quartiers de Montréal et Québec, la nourriture, et aussi le sens culturel. Puisque j’ai un baccalauré­at en histoire, j’aime l’histoire du Québec.

Où avez-vous appris le français ?

J’ai grandi à Ottawa, et je suis allé au programme d’immersion [française] au secondaire, après quoi je suis devenu totalement bilingue. J’ai ensuite déménagé en Saskatchew­an et j’ai perdu quelques règles de conjugaiso­n. C’est très dommage, mais je travaille très, très fort [pour mieux maîtriser la langue]. En tant que président de la Chambre, c’était essentiel de parler français aux députés. Je débattrai [en français] avec Justin Trudeau pendant les prochaines élections.

Quel politicien vous inspire ?

Pour moi, [Ronald] Reagan [président américain de 1981 à 1989] était capable de communique­r ses politiques conservatr­ices [de manière] positive, aimable. Je pense que les conservate­urs ont toujours fait mieux quand un chef avait une approche positive. Aussi, la première ministre [du Royaume-Uni de 1979 à 1990] Margaret Thatcher, pour ce qu’elle a fait pour l’économie pendant les moments difficiles. Et aussi M. Harper, pour avoir créé un parti conservate­ur uni au Canada. Beaucoup de journalist­es m’appelaient «Stephen Harper avec un sourire» (rires).

Vous vous qualifiez de «M. Compromis». Pourquoi ?

La politique est l’art du compromis. Puisqu’il y a beaucoup de différente­s sortes de conservate­urs, il faut que le chef trouve le terrain en commun. C’est crucial pour un chef de maintenir l’unité, de trouver des enjeux que tous les conservate­urs vont appuyer, pas ceux avec lesquels seuls 30 % des conservate­urs sont d’accord. Il y a les conservate­urs de l’Ouest, les conservate­urs du Québec, ceux des provinces de l’Atlantique. Pourquoi commencer par discuter des enjeux qui causent la division? C’est une question de priorité.

Que retenez-vous des 9 ans de gouverneme­nt Harper ?

Je n’ai pas de critiques à faire, parce que seule la personne qui occupe la fonction sait tous les aspects d’une question. Si vous regardez le bilan de M. Harper, le Canada est passé sous la récession mondiale dans une position très, très forte. On a équilibré le budget après quelques années de déficit pour réagir à la crise économique. Chaque année, on a trouvé des façons de couper les impôts et d’augmenter les dépenses sur les enjeux très importants comme la santé. Je pense que les années Harper étaient très bonnes pour l’économie. Je ne regarde pas en arrière, toujours vers le futur.

Que reprochez-vous à l’actuel meneur de la course à la chefferie, Maxime Bernier ?

Je suis sûr que Maxime a une base d’appuis, mais il a une approche qui polarise nos membres, les Canadiens et les Québécois. [Ses positions, comme abolir la gestion de l’offre,] ont une logique philosophi­que, et beaucoup de gens sont d’accord pour un secteur privé plus dynamique. Mais [sa position] sur les enjeux comme la gestion de l’offre, de couper les transferts en santé et sur le libre-échange avec la Chine sont des questions qui polarisent. Ça, c’est un problème pour le Parti conservate­ur. On doit utiliser une approche qui va augmenter notre base d’appuis. Même dans notre parti, [Maxime Bernier] polarise nos membres, alors dans la population générale, c’est plus difficile.

Que pensez-vous du style de Donald Trump, aux États-Unis ?

J’ai très peur d’un président qui a une position très protection­niste. Il y a beaucoup de travail à faire. Je pense que M. Trudeau n’a pas une approche sérieuse pour notre relation avec les Américains. Le gouverneme­nt doit travailler très fort pour trouver des alliances avec des industries américaine­s pour maintenir nos frontières ouvertes.

Quelle propositio­n de votre campagne souhaitez-vous que l’on retienne ?

Je veux annuler la taxe sur le carbone et abolir la TPS sur les frais de la maison comme sur le gaz de cuisson, de chauffage, des choses comme ça. Je souhaite aussi diminuer les impôts pour les nouveaux parents [en annulant l’impôt sur le revenu sur les prestation­s d’assurancec­hômage liées aux congés parentaux et de maternité, NDLR].

 ?? CHANTAL POIRIER ET COURTOISIE PHOTOS ?? Andrew Scheer, autoprocla­mé «M. Compromis», était de passage mercredi à Montréal. En mortaise, sa conjointe et ses cinq enfants.
CHANTAL POIRIER ET COURTOISIE PHOTOS Andrew Scheer, autoprocla­mé «M. Compromis», était de passage mercredi à Montréal. En mortaise, sa conjointe et ses cinq enfants.

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