Quand le Québec rate ses cantines
Les contribuables québécois payent des millions pour un fiasco… dans les haltes routières. 6 millions $ de trop en quatre ans pour sept haltes routières. Un PPP qui a mal tourné, un propriétaire qui a fait faillite, un syndic qui en réclame davantage. Plus des frais d’ingénieurs et d’avocats.
C’est tentant de dire que ceci constitue un minuscule scandale dans l’ensemble de ce qui survient au Québec. D’abord, il s’agit de quelques millions seulement. Sur des milliards, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Et contrairement aux délais dans le système de santé, il n’y a pas de danger que des gens souffrent ou meurent en raison de cette incompétence.
Ce petit gâchis nous raconte quand même quelque chose à propos du Québec. Parce que ce n’est pas censé être sorcier réussir des haltes routières. Pas besoin des compétences de la NASA. Ce n’est pas non plus une négociation d’échelle internationale. Un stationnement, des toilettes, un peu de restauration et un entretien normal pour les garder propres.
Si simple… et nous l’avons raté. Sans être fataliste et voir tout noir, l’historique des haltes routières depuis 20 ans fait état de l’immobilisme, du manque de fierté et de l’incompétence qui me découragent certains jours.
LES CABANES HONTEUSES
Dans une époque pas si lointaine, nos haltes routières étaient des chiottes horribles. Les lieux étaient malpropres, les bâtiments dignes d’un vieux hangar de rangement mal entretenu, la restauration était assurée par des cantines que je qualifierai de minimalistes pour être gentil.
Les lieux étaient si sombres que les femmes seules étaient terrorisées de s’arrêter le long de la route pour aller à la toilette lors d’un long déplacement. Le service aux citoyens du Québec qui voyagent était pitoyable. L’image donnée à nos touristes me rendait toujours honteux.
Tout Québécois qui visitait les ÉtatsUnis ou l’Ontario pouvait faire la gênante comparaison. Des haltes routières vastes, propres, modernes dont les services de restauration rapide offrent un minimum de variété. Le jour et la nuit avec nos cabanes.
Puis un jour, le gouvernement du Québec a décidé qu’il fallait moderniser nos haltes. Cela paraît simple. L’une des réformes les plus banales qu’on puisse imaginer. Et pourtant, cela a pris des années. Et elles ne sont même pas encore toutes refaites plus d’une décennie plus tard.
Finalement, nous apprenons que, parmi les projets réalisés, un groupe de sept aura tourné au naufrage financier, un naufrage dont la bouée de sauvetage est notre portefeuille. Pas chic.
PLATE ÉPOQUE ?
Nous commémorons ces jours-ci le cinquantième anniversaire d’Expo 67, une grande période de fierté pour le Québec. Les jeunes de l’époque vivaient dans un Québec où l’on pouvait en cinq ans construire des îles, un métro, des pavillons et accueillir la planète. Au début des années 1970, nous bâtissions des barrages parmi les grands du monde.
Aujourd’hui, un pan de modernisation de nos haltes routières nous éreinte. C’est ça que voient nos jeunes.