Le Journal de Montreal

La faillite pour remettre de l’ordre dans ses finances

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Pour tromper sa solitude après son divorce, Michel Perreault a commencé à jouer. Résultat: il cumule aujourd’hui une dette de plus de 32 000 $ que sa petite pension de retraite ne lui permettra pas de rembourser. Dans son cas, la seule issue possible est la faillite.

L’homme de 79 ans réside seul en appartemen­t et touche une pension de 1825 $ par mois qui suffit tout juste à couvrir ses dépenses mensuelles, même si son train de vie est relativeme­nt raisonnabl­e.

Néanmoins, après son divorce, M. Perreault a souffert de la solitude et a commencé à jouer, une habitude qui s’est transformé­e en jeu compulsif.

Pour pouvoir s’adonner à cette activité avec ses faibles revenus, le retraité a obtenu pas moins de sept cartes de crédit, cumulant au fil du temps une dette de 32 375 $ qu’il est incapable de rembourser.

M. Perreault n’a soufflé mot de ses problèmes de jeu et d’argent à quiconque. C’est à la faveur d’un déménageme­nt que son fils Stéphane a finalement découvert le pot aux roses, en tombant par hasard sur les relevés de compte et de cartes de crédit de son père. Après de longs mois de discussion, il a finalement réussi à le convaincre de rencontrer un syndic autorisé en insolvabil­ité.

LA FAILLITE ET SES CONSÉQUENC­ES

L’une des premières choses qu’Éric Lebel, associé chez Raymond Chabot Grant Thornton, a effectuée dans le dossier de M. Perreault est de déterminer avec lui l’origine de son endettemen­t.

«Cela fait partie de notre rôle de syndic de guider les gens vers des ressources lorsqu’ils ont des problèmes de jeu, par exemple», explique-t-il.

Ici, Éric Lebel a demandé à son client de remettre de l’ordre dans sa vie et de participer aux rencontres de Gamblers Anonymes, organisme qui vient en aide aux personnes dans sa situation. Il a aussi recommandé à Stéphane de soutenir son père dans ses démarches, afin de maximiser ses chances de succès.

«Compte tenu des revenus de M. Perreault, il ne parviendra jamais à rembourser ses dettes de crédit. La faillite me semble donc être la seule option viable. C'est une solution de dernier recours, mais, dans les circonstan­ces, il doit sérieuseme­nt envisager cette possibilit­é pour recouvrer sa santé financière», précise Éric Lebel.

Quelles seront les conséquenc­es de la faillite pour lui? Il sera libéré de ses dettes, mais n’aura plus de cartes de crédit, et la faillite apparaîtra dans son dossier de crédit pendant sept ans. «Il ne pourra plus emprunter, mais cela n’aura pas réellement d’impact pour M. Perreault», remarque le syndic.

UN CAS LOIN D’ÊTRE UNIQUE

Le cas de Michel Perreault n’est pas unique, loin de là. «Les 50 ans et plus représente­nt désormais plus de 40 % des dossiers d'insolvabil­ité et les 60 ans et plus sont particuliè­rement touchés, avec une hausse marquée de ce taux dans les dernières années. En effet, lorsqu’ils prennent leur retraite, les gens ne réduisent pas leurs dépenses et utilisent leurs cartes de crédit pour compenser. Au fil des ans, les dettes s’accumulent et leur situation devient intenable», dit Éric Lebel. D’ailleurs, selon une étude sur l'endettemen­t à la retraite réalisée par la Banque HomEquity et Equifax Canada, l'endettemen­t global des Canadiens âgés de plus de 70 ans a augmenté de 12 % entre 2013 et 2015. Une donnée qui fait réfléchir…

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada