Les 50 ans de La Ronde
Orlando possède son Disneyland. Paris peut s’enorgueillir de son Parc Astérix. Montréal s’est donné La Ronde. Pour les 50 ans de son inauguration, l’auteur et bédéiste Tristan Demers raconte l’évolution du célèbre parc de l’île Sainte-Hélène dans un album-souvenir aux accents de douce nostalgie.
Si l’Expo 67 constitue le moment où le Québec s’est ouvert sur le monde, La Ronde en a été le joyau, avance Tristan Demers. «Au lendemain de l’exposition universelle, le parc d’attractions a pu voler de ses propres ailes. Les pavillons tombaient les uns après les autres, mais La Ronde s’est réinventée.» Emmène-moi à La Ronde retrace l’histoire de ce parc destiné à divertir les visiteurs de l’exposition universelle qui arrivait à grands pas. «C’était l’époque où le Québec entrait dans la modernité. Le parc Belmont était ouvert depuis les années 1920, mais montrait déjà des signes de désuétude. La société de l’Expo voulait un espace de calibre mondial aux accents éducatifs à mi-chemin entre les jardins de Tivoli à Copenhague et Disneyland en Californie.»
COUP DE POUCE DE L’ONCLE WALT
Tristan Demers, à qui l’on doit également Tintin et le Québec, a eu accès à plus de 4000pages d’archives pour la rédaction de son ouvrage. L’auteur admet avoir été très surpris de l’ampleur de la collaboration de Disney avec l’équipe de l’Expo pour la conception de La Ronde. «Walt Disney était tellement emballé par le projet qu’il a dépêché des membres de sa garde rapprochée pour se rendre à Montréal, explique-t-il. À son ouverture, La Ronde rappelait beaucoup le parc californien avec son safari d’animaux et son Fort Edmonton, référence directe à Frontierland.»
TÉMOIGNAGES D’UNE GRANDE ÉPOQUE
Pour Tristan Demers, La Ronde était non seulement un lieu rassembleur où les «7 à 77ans» pouvaient s’amuser, mais aussi un espace de bouillonnement social et culturel. «À l’Agora extérieure, les jeunes participaient aux débats animés par Gilles Gougeon, tandis que, quelques années plus tard, durant l’époque disco, Michel Girouard présentait les grands noms de la chanson au Jardin des Étoiles», illustre l’auteur qui a rencontré les deux hommes dans le cadre de son livre. «Gilles Gougeon, très formel, m’a raconté son expérience avec toute la rigueur journalistique qu’on lui connaît. Quelques heures plus tard, j’interviewais le flamboyant Michel Girouard, son chien sous le bras, qui partageait ses anecdotes de coulisses. En une seule journée, j’avais eu devant moi toute la complexité de La Ronde des premières années, à la fois “blé entier” et “givré”», se remémore-t-il en riant. Aujourd’hui, l’auteur constate que La Ronde (NDLR propriété de Six Flags depuis 2001) n’est plus le même lieu «fait de surprises» qu’il a connu durant sa jeunesse. «Beaucoup de petits manèges et d’espaces d’animation ont fait place aux sensations fortes pour attirer la clientèle des adolescents. C’est un choix qui, sans être le mien, reflète une certaine culture d’entreprise. En même temps, les gens ne consomment plus du divertissement de la même façon qu’auparavant. La Ronde s’est adaptée parce que le Québec a changé.»