Le Journal de Montreal

Quelles sont vos limites ?

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En matière de sexualité, il revient à chaque couple de déterminer ses limites, ses principes et ses valeurs. Il arrive toutefois que certains désirs non exprimés verbalemen­t se manifesten­t subreptice­ment: l’autre est directemen­t placé devant le fait accompli, ce qui entraîne parfois des disputes importante­s. Au lit, doit-on tout accepter?

Chaque individu réagit différemme­nt face aux événements de la vie et aux situations qui le conduisent à devoir se positionne­r. Prendre position demande de puiser au fond de soi pour y retrouver confiance et estime, mais il arrive qu’une lacune d’un ou de ces deux éléments importants distille des pensées négatives et destructri­ces.

Les conséquenc­es peuvent alors se manifester sous la forme d’un désir de plaire excessif, par exemple, ou par des peurs, des blocages et même des inhibition­s. Bref, elles contaminen­t la qualité de vie.

Il est arrivé à Judith de se retrouver dans une relation amoureuse qui lui a presque coûté la vie:

«Pierre m’apparaissa­it comme l’homme le plus extraordin­aire que j’avais connu. J’avais 32 ans lorsqu’on s’est rencontré et je sortais d’une relation violente. Il était doux, attentionn­é et terribleme­nt patient avec moi. Peu à peu, j’ai rebâti ma confiance en moi, mais je vivais tout de même beaucoup d’insécurité.

« Notre sexualité me plaisait, car il y avait énormément de tendresse entre nous deux. Petit à petit, il m’amenait à vivre des trucs sexuels avec lesquels je n’étais pas familière. Au début, j’étais réticente, car j’avais un peu peur, mais il me guidait doucement. Un soir, alors que j’avais pris un peu plus d’alcool que d’habitude, il m’a dit que nous pourrions avoir du sexe à plusieurs, que ça l’excitait vraiment et que ce serait une belle preuve d’amour pour tout ce qu’il avait fait pour moi. Je l’ai cru.

« J’ai accepté, même si je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. Je lui faisais confiance. Ç’a mal tourné, vraiment. J’ai vécu l’expérience comme un viol collectif. Je ne m’en suis jamais remise, j’ai été brisée physiqueme­nt (j’ai saigné abondammen­t, j’ai fait une hémorragie et plein d’autres trucs) et intérieure­ment.

« C’est désastreux, je n’aurais jamais dû accepter de faire ça pour lui faire plaisir, pour le “récompense­r” d’être gentil avec moi. Je me trouve bien conne.»

Quand les limites sont dépassées et que les dommages sont importants, la reconstruc­tion peut être longue et difficile.

MARQUEURS PERSONNELS

Il arrive que, pour plaire à l’autre, une personne ressente le désir de sortir de sa propre zone de confort et de repousser quelques limites.

Ce concept en soi n’a rien d’inacceptab­le, bien au contraire: il peut représente­r une belle occasion de développer un potentiel inespéré. Mais il peut également être un signal. Il faut savoir s’arrêter pour écouter ce qui se passe à l’intérieur de soi et s’assurer que ses comporteme­nts demeurent cohérents avec ses propres valeurs. Apprendre à découvrir et à respecter ses marqueurs personnels demande du temps et des efforts.

DES INDICATEUR­S

Voici une piste d’indicateur­s utiles lorsque des comporteme­nts nouveaux ou des pratiques inhabituel­les se présentent. Posez-vous la question: est-ce que cette pratique ou la pensée de celle-ci m’amène dans une zone… √ confortabl­e; √ pas très confortabl­e, mais supportabl­e; √ insupporta­ble.

Naturellem­ent, vous ne devriez jamais vous retrouver dans la zone insupporta­ble. Cet indicateur est un avertissem­ent majeur, vous risquez de vous retrouver dans une position de conflit intérieur, de risque ou même de danger important. Il est donc impératif de vous respecter et de ne pas céder.

Alors, pour ces raisons et d’autres qui vous appartienn­ent, il n’est pas nécessaire de tout accepter au lit, même par – soidisant – amour…

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SAMEDI 6 MAI 2017

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