Quelles sont vos limites ?
En matière de sexualité, il revient à chaque couple de déterminer ses limites, ses principes et ses valeurs. Il arrive toutefois que certains désirs non exprimés verbalement se manifestent subrepticement: l’autre est directement placé devant le fait accompli, ce qui entraîne parfois des disputes importantes. Au lit, doit-on tout accepter?
Chaque individu réagit différemment face aux événements de la vie et aux situations qui le conduisent à devoir se positionner. Prendre position demande de puiser au fond de soi pour y retrouver confiance et estime, mais il arrive qu’une lacune d’un ou de ces deux éléments importants distille des pensées négatives et destructrices.
Les conséquences peuvent alors se manifester sous la forme d’un désir de plaire excessif, par exemple, ou par des peurs, des blocages et même des inhibitions. Bref, elles contaminent la qualité de vie.
Il est arrivé à Judith de se retrouver dans une relation amoureuse qui lui a presque coûté la vie:
«Pierre m’apparaissait comme l’homme le plus extraordinaire que j’avais connu. J’avais 32 ans lorsqu’on s’est rencontré et je sortais d’une relation violente. Il était doux, attentionné et terriblement patient avec moi. Peu à peu, j’ai rebâti ma confiance en moi, mais je vivais tout de même beaucoup d’insécurité.
« Notre sexualité me plaisait, car il y avait énormément de tendresse entre nous deux. Petit à petit, il m’amenait à vivre des trucs sexuels avec lesquels je n’étais pas familière. Au début, j’étais réticente, car j’avais un peu peur, mais il me guidait doucement. Un soir, alors que j’avais pris un peu plus d’alcool que d’habitude, il m’a dit que nous pourrions avoir du sexe à plusieurs, que ça l’excitait vraiment et que ce serait une belle preuve d’amour pour tout ce qu’il avait fait pour moi. Je l’ai cru.
« J’ai accepté, même si je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. Je lui faisais confiance. Ç’a mal tourné, vraiment. J’ai vécu l’expérience comme un viol collectif. Je ne m’en suis jamais remise, j’ai été brisée physiquement (j’ai saigné abondamment, j’ai fait une hémorragie et plein d’autres trucs) et intérieurement.
« C’est désastreux, je n’aurais jamais dû accepter de faire ça pour lui faire plaisir, pour le “récompenser” d’être gentil avec moi. Je me trouve bien conne.»
Quand les limites sont dépassées et que les dommages sont importants, la reconstruction peut être longue et difficile.
MARQUEURS PERSONNELS
Il arrive que, pour plaire à l’autre, une personne ressente le désir de sortir de sa propre zone de confort et de repousser quelques limites.
Ce concept en soi n’a rien d’inacceptable, bien au contraire: il peut représenter une belle occasion de développer un potentiel inespéré. Mais il peut également être un signal. Il faut savoir s’arrêter pour écouter ce qui se passe à l’intérieur de soi et s’assurer que ses comportements demeurent cohérents avec ses propres valeurs. Apprendre à découvrir et à respecter ses marqueurs personnels demande du temps et des efforts.
DES INDICATEURS
Voici une piste d’indicateurs utiles lorsque des comportements nouveaux ou des pratiques inhabituelles se présentent. Posez-vous la question: est-ce que cette pratique ou la pensée de celle-ci m’amène dans une zone… √ confortable; √ pas très confortable, mais supportable; √ insupportable.
Naturellement, vous ne devriez jamais vous retrouver dans la zone insupportable. Cet indicateur est un avertissement majeur, vous risquez de vous retrouver dans une position de conflit intérieur, de risque ou même de danger important. Il est donc impératif de vous respecter et de ne pas céder.
Alors, pour ces raisons et d’autres qui vous appartiennent, il n’est pas nécessaire de tout accepter au lit, même par – soidisant – amour…