La folie des joueurs autonomes
La saison de la Ligue continentale (KHL), qui au terme de huit longs mois a couronné l’équipe favorite de Vladimir Poutine, le SKA de Saint-Pétersbourg, est finalement terminée. Du même coup, s’est amorcée le week-end dernier la frénésie des joueurs autonomes au cours de laquelle les quelques équipes riches de la Ligue dévalisent les nombreux autres clubs plus pauvres.
Cette période coïncide aussi avec le transfert de joueurs de l’autre côté de l’Atlantique, hors de la KHL, comme l’a déjà fait Vadim Shipachyov, du SKA, et comme s’apprête à le faire Evgeny Dadonov. Shipachyov a signé avec l’ami des Russes George McPhee, directeur général de la formation à Vegas, alors que Dadonov est toujours en pourparlers avec plusieurs équipes de la Ligue nationale de hockey (LNH). Une rumeur le lie au Canadien, une acquisition qui pourrait améliorer significativement le Tricolore à l’aile droite.
Bien que le dernier boulot de Dadonov dans la LNH, avec les Panthers de la Floride, n’a pas été marquant, il est devenu un vrai joueur étoile avec le SKA, qui tente désespérément de le retenir. Ceci dit, Vegas serait probablement une association plus naturelle pour lui, considérant la chimie avec Shipachyov et l’amour de McPhee pour les Russes.
KAPRIZOV COURTISÉ
Peu de situations illustrent mieux le fonctionnement du marché des transferts dans la KHL que celle de Kirill Kaprizov, qui est courtisé par la deuxième équipe la plus riche de la Ligue, le CSKA de Moscou.
Le jeune joueur extrêmement talentueux, qui devrait se joindre au Wild du Minnesota en 2018, a joué pour le Salavat Yulayev d’Oufa, une des équipes les plus riches de la KHL et qui a le plus de succès dans la région pétrolière de Bashkortostan.
Salavat, où Alexander Radulov a évolué pendant plusieurs années, gagnante de la Coupe Gagarine en 2011, est la propriété de Bashneft, une compagnie pétrolière locale, qui en mène large dans la région.
La plupart du temps, Salavat est en mesure de garder ses meilleurs joueurs (Radulov, qui est parti pour le CSKA en 2012, a été une exception notable).
Par contre, le CSKA est plus riche (elle est la propriété de Rosneft, un géant pétrolier) et traîne un statut légendaire depuis l’époque soviétique.
Le directeur général Igor Sechin est aussi un des plus proches confidents de Poutine et est supposément son second dans la chaîne de commande.
Cela ne fait pas du CSKA la puissance qu’elle était à l’ère soviétique, mais la rend plus puissante que Salavat. Par conséquent, si le CSKA veut Kaprizov, vous pouvez être certain qu’il ne restera pas à Bashkortostan, même s’il reste une année à son contrat.
Bien sûr, le CSKA ne s’abaissera pas à transiger avec Salavat. Après que Rosneft eut acheté Bashneft, Sechin pouvait simplement ordonner le transfert du joueur à Moscou pour un coût nominal.
Selon le dg de Salavat, Leonid Vaysfeld, l’équipe ne veut pas renoncer à ses plus gros joueurs, mais «la décision a été prise à un niveau bien plus haut» (un euphémisme russe assez commun pour désigner «le Kremlin»). Le CSKA a donc compensé Salavat avec une somme d’environ 1 M$ et Kaprizov est allé faire ses bagages pour la capitale aux ordres des représentants du gouvernement. Depuis, le CSKA a extrait les trois meilleurs compteurs du Sibir de Novossibirsk de façon similaire.
SKA SUBIT DES PERTES
L’équipe de Saint-Pétersbourg a acquis Sergei Kalinin, mais autrement, elle devrait perdre des joueurs importants. Ilya Kovalchuk devrait quitter la ville et se rendre dans la LNH. Le SKA était prêt à lui donner beaucoup d’argent, comme à Shipachyov et à Dadonov, mais la chance de se prouver en Amérique du Nord était plus séduisante pour ces joueurs.
Juste au cas, le SKA a acheté les droits de la KHL de Nikita Kucherov (il n’y a aucune chance qu’il quitte Tampa, bien sûr), et de Nail Yakupov (une réelle possibilité après l’échec à St. Louis).
L’adversaire du SKA en finale de la Coupe Gagarine, le Metallourg de Magnitogorsk, a aussi perdu un joueur à la LNH, alors que son meilleur défenseur Viktor Antipin s’est joint aux Sabres de Buffalo.
La KHL continue donc de perdre ses joueurs au même rythme que le nombre de franchises viables diminue.