Adonis Stevenson se fait planter
LAS VEGAS | On va entrer dans le mois d’Adonis Stevenson à compter de lundi. C’est plus que le temps et Adonis aura besoin d’une victoire convaincante et d’un travail colossal de relations publiques s’il veut redorer son image.
C’est abominable. Même à Vegas, quand on parle de Stevenson, c’est avec mépris ou hargne. Même son ami d’enfance Bermane Stiverne avec qui Mathieu Boulay et moi avons jasé plus d’une demi-heure hier après-midi a levé les yeux au ciel quand on a abordé le sujet.
Mais Bermane n’a rien dit de méchant. Il a juste fait comprendre… qu’il n’y comprenait plus rien.
Mathieu va tout vous raconter ça demain. Plus, il va vous annoncer que Bermane va se battre pour le championnat du monde contre Deontay Wilder fin septembre.
Ce n’est pas le passé de jeunesse de Stevenson qui en a fait le champion le moins aimé des 20 dernières années au Québec. Quand il a battu Chad Dawson, le Centre Bell a bondi sur ses pieds pour applaudir le nouveau champion du monde québécois. C’est autre chose.
HOPKINS : LÉGENDE VIVANTE
Jeudi, j’ai discuté du cas avec Bernard Hopkins. En posant directement la question:
√ Bernard, t’as un passé semblable à Adonis Stevenson. T’as commis des crimes, t’es allé en prison, t’en es sorti et aujourd’hui, les champions du monde viennent prendre un selfie avec toi. C’est quoi la différence avec Adonis Stevenson? Qu’est-ce que t’as fait de différent?
√ «Je ne veux pas juger le passé et les crimes. Mais est-ce qu’Adonis a clairement fait comprendre qu’il voulait réparer dans la société ce qu’il avait fait? Mais dans le fond, c’est pas le problème. Quand on sort de prison, on doit décider de devenir un homme et d’agir en homme. Et tenir à des principes. Quand Adonis a battu Chad Dawson, il était au sommet du monde. Il pouvait affronter qui il voulait. Il a choisi des adversaires de classe B plus et B. Les fans voulaient des combats dangereux, avec un enjeu réel.»
√ «Quand je suis devenu champion, je me suis dit que je donnerais une chance à tous les challengers qui mériteraient de devenir champion. J’ai eu 20 défenses de mon titre. Dont 80 % contre des aspirants légitimes. Ces gars-là auraient été champions du monde si je n’avais pas été là. Je suis allé à Québec affronter Jean Pascal. Et pour le match revanche, je me suis rendu chez lui, à Montréal, et j’ai gagné contre un champion.»
√ «Qui parle de Stevenson dans la boxe? Il est tombé en dessous du radar des fans et des médias. Il ne se bat pas, il ne prend pas de risque. On s’en fout d’Adonis Stevenson. Il va se battre dans un mois et ça intéresse qui? Ce n’est pas son passé, c’est ce qu’il a fait et surtout pas fait depuis qu’il est champion, qui en fait un champion impopulaire.»
√ «Je comprends qu’il faut parfois être un businessman, mais il faut agir en homme. Adonis Stevenson a gagné la ceinture et il s’est contenté de jouer au babysitter avec elle. Moi, pour affronter un vrai défi, je serais allé me battre dans une cuisine. Et je l’aurais fait pour un sandwich de beurre de pinottes. »
MAURICIO SULAIMAN DÉFEND ADONIS
J’ai également discuté du cas Stevenson avec Mauricio Sulaiman, le président de la WBC. Et il a été très clair: «Ce n’est pas de la faute d’Adonis si les combats contre Sergey Kovalev n’ont pas fonctionné. Il était prêt et il voulait affronter Kovalev. C’est le clan de Kovalev qui a reculé. Stevenson n’est pas responsable de la situation dans laquelle il se retrouve», de dire Sulaiman.
On va y revenir quand on aura plus d’espace…