Le Journal de Montreal

Intrigue dans les marais de la Caroline du Sud

- MARIE-FRANCE BORNAIS » René Manzor a reçu le prix Cognac du polar francophon­e pour Celui dont le nom n’est plus en 2014.

Scénariste, réalisateu­r et écrivain, le Français René Manzor s’est imposé, en deux romans, comme l’un des nouveaux noms importants du thriller français. Après avoir accroché les lecteurs avec Celui dont le nom n’est plus, il revient cette année avec un thriller au rythme d’enfer: Dans les brumes du mal.

Cette nouvelle intrigue se déroule dans les marais côtiers de la Caroline du Sud. Chaque mois, un enfant est enlevé et sa mère est assassinée. Cette fois, c’est Tom qui est mort et sa mère qui est morte. Dahlia Rhymes, agente du FBI spécialisé­e dans les crimes rituels, se charge de l’enquête.

Or, il se trouve que Tom est son neveu. Mais elle ne l’a jamais vu, car elle a brisé tout lien avec sa famille depuis 20 ans. Ce drame la ramène dans les brumes inquiétant­es de sa Caroline du Sud natale. En retrouvant les marais et les grands chênes chargés de mousse, elle croise Nathan Miller, un ancien gamin des rues devenu un des policiers les plus en vue de Charleston.

Ensemble, ils se lancent à la recherche des enfants enlevés. Un seul indice leur est parvenu: il paraît que Tom a été victime d’une malédictio­n vaudou. C’est ce que leur dit le petit voisin, qui a vu une ombre rôder autour de la maison.

CULTURE MÉCONNUE

René Manzor s’est inspiré de ses lectures d’adolescent pour créer cette intrigue menée de main de maître. «Je suis très fan d’un auteur américain qui s’appelle Pat Conroy, qui est un peu le chantre des Basses Terres, cette région côtière qui s’étend de la Caroline à la Géorgie – the Low Country», explique-t-il en entrevue, à l’occasion d’une visite au Québec.

«J’ai eu très tôt ces images et j’ai eu envie d’y aller, presque pour entrer dans son imaginaire à lui. Et j’ai fait connaissan­ce avec cette goulah qui est très peu connue – c’est une culture importée d’Angola avec les premiers arrivants, parce que Charleston était la porte d’entrée de la traite des Noirs.»

«Ils ont développé toute une culture, une religion, un langage, une musique... et des légendes. Elles ne sont pas très connues, mais elles ont un rapport avec les légendes qu’on connaît mieux, comme celle de shadduh, une ombre qui viendrait dans les familles où les enfants sont maltraités et prendrait les enfants pour les sauver. Mais en même temps, les amener dans un pays imaginaire dont ils ne reviendrai­ent jamais, mais où ils seraient mieux traités. Un peu comme le joueur de flûte de Hamelin, cette légende européenne.»

Il a eu envie de développer cette idée. «Si ça se passait vraiment aujourd’hui, comment feraient les policiers pour enquêter sur une histoire pareille? Et de là est née l’intrigue de Dans les brumes du mal.»

COMME POUR UN FILM

René Manzor, qui a longtemps habité aux États-Unis, est retourné en Caroline du Sud et il a rencontré les gens de la culture goulah.

«Comme je suis réalisateu­r de film, j’ai fait ce qu’on appelle du repérage: on va chercher des décors sur place. Et en faisant ça, on arrive à ramener non seulement des images, mais aussi des conversati­ons avec les gens du pays. Et on arrive à connaître un peu mieux l’âme du pays dans lequel les personnage­s vont se balader. On a quelque chose de plus réaliste, et quand on entre dans une histoire pareille, qui flirte un peu avec la légende, on a quelque chose de très vrai. (...) Il y a une Amérique profonde qui est coupée de Hollywood.»

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Dans les brumes du mal René Manzor Éditions Calmann-Lévy 394 pages

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