« Chu mort », a lancé le policier LeRoux avant de rendre l’âme
«Chu mort», a lancé sur les ondes policières l’agent Thierry LeRoux, atteint de deux balles dans le dos, tout juste avant de succomber à ses blessures à Lac-Simon, en Abitibi, a-t-on appris hier dans un rapport.
En pleine intervention policière, le 13 février 2016, le jeune policier de 26ans a été abattu par un autochtone suicidaire qui a ensuite retourné l’arme contre lui.
Selon le rapport, rendu public hier, de l’inspecteur de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), Serge Gaudreault, un témoignage a permis de savoir que LeRoux a réussi à répondre à son collègue par radio ce soir-là.
LACUNES
L’enquête a relevé plusieurs lacunes dans l’intervention policière qui a mené à la mort de l’agent LeRoux, dont le manque de patrouilleurs, le système de communication inadéquat et l’intervention policière jugée inappropriée.
Depuis l'événement, la CNESST a exigé des changements au service de police de Lac-Simon. Il y a maintenant 4 policiers 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Les patrouilleurs ont un meilleur système radio, et de nouvelles directives de travail ont été apportées auprès des policiers afin d'éviter qu'un autre drame ne survienne.
Ça ne suffit pas à consoler Michel LeRoux, le père de l’agent abattu.
«Ça prend encore mort d’homme pour qu’on puisse réagir et modifier les mesures d’urgence. Il a donné son corps pour ça. Ça me choque. Comme société, on fonctionne par traumatisme pour réagir. Thierry, c’est mon sang, mon coeur, mon ADN», a-t-il réagi émotivement hier.
PAS MENACÉ
Le soir de sa mort, LeRoux était en service avec un autre patrouilleur du service de police de Lac-Simon. Selon le rapport d’enquête de la CNESST, l’intervention n’a duré que huit minutes, à compter de l’appel de la plaignante, qui disait avoir entendu des coups de feu, jusqu’à l’appel du collègue de Thierry Le Roux pour avoir du renfort.
Nulle part dans le rapport il n’est mentionné que l’agent LeRoux s’est senti menacé par le tireur, Anthony Raymond Papatie. La preuve est qu’il n’a jamais pris son arme en main en descendant au soussol pour aller à la rencontre de M.Papatie.
«Thierry et son collègue ont fait plus qu’un autre corps de police. Un gros corps de police aurait fait venir le groupe tactique d’intervention pour négocier avec la personne qui se trouvait au sous-sol. Les policiers autochtones [comme à Lac-Simon] eux, font de la police de proximité, c’est leur rôle. Ils connaissent tous les habitants de leur communauté», a rappelé le père du policier abattu.
«Ils avaient le choix de rester à l’extérieur et d’appeler les policiers de la Sûreté du Québec qui, au plus vite, seraient arrivés 30 minutes plus tard, mais ils savaient que l’individu à l’intérieur était armé, ils le connaissaient», a-t-il ajouté.
Le Service de police de Lac-Simon n’a pas retourné nos appels hier.