Le Journal de Montreal

Les larmes, encore

- richard martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Et nous allons pleurer. Et nous allons envoyer des messages de sympathies. Et nous allons dénoncer l’horreur. Et nous allons brandir l’Union Jack sur notre page Facebook. Je suis Manchester. Je suis l’Angleterre.

Je suis Saffie-Rose.

UNE « TRAGÉDIE »

Surtout, pas de colère, non. Pas d’émotions négatives.

On ne sait jamais, ça peut attiser la haine de l’autre côté.

Contentons-nous de pleurniche­r et d’allumer des bougies, comme on le fait chaque fois. Nous sommes avec vous. Devant ce «drame». Devant cette «tragédie» qui ne porte pas de nom.

Comme si les attentats étaient des «actes de Dieu», comme des tremblemen­ts de terre ou des inondation­s.

Des incidents malheureux, sans cause ni motivation.

Lors des derniers attentats de Londres, Amir Khadir, ce médecin au grand coeur, a dit que l’Angleterre «avait du sang sur les mains. Nous sommes tous collective­ment responsabl­es, les payeurs de taxes que nous sommes, les électeurs que nous sommes, nous sommes responsabl­es. Ce sont les gens qu'on élit qui vont lancer les guerres.»

Pensez-vous toujours la même chose, Monsieur le député «solidaire»?

Nous sommes tous responsabl­es de la mort d’une jeune fille de huit ans? L’Angleterre est responsabl­e de la mort d’une jeune fille de huit ans, tuée par un fou d’Allah parce qu’elle voulait voir son idole?

Dire que le PQ voulait s’allier avec ce parti…

LE DOS VOÛTÉ

«Le Parti québécois porte en lui la bête du racisme», a dit Dalida Awada, membre du comité antiracism­e de Québec solidaire.

Imaginez si je disais ça d’une religion. Que telle ou telle religion portait en elle «la bête de l’intoléranc­e et de l’intégrisme».

Radio-Canada, Le Devoir et La Presse me traîneraie­nt dans la boue. Alors on ne dit rien. On se contente de pleurer. C’est comme ça qu’on l’aime, l’Occident.

Quand il pleure en silence, la tête penchée et le dos voûté.

Quand il ploie sous le poids de ses péchés et de ses crimes, quand il demande pardon, quand il est contrit, abattu, pénitent.

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.

Vite, une Commission sur le racisme systémique à Manchester, ça presse!

Et pendant ce temps, à Birmingham, deuxième plus grosse ville d’Angleterre, la majorité des femmes portent le voile intégral, les librairies ne vendent que des livres religieux, les restaurant­s pratiquent tous la ségrégatio­n des sexes (les femmes et les enfants mangent dans une section cachée par un voile aux regards masculins) et les boutiques sont fermées pendant les heures de prière.

DÉNONCER LES BARBARES

Mais chut, ne disons rien. Contentons-nous de pleurer. Après tout, la colère est mauvaise conseillèr­e.

Alors que la tristesse, tout le monde aime ça. Et puis, ça fait tellement de bien, de pleurer.

Vaut mieux jeter des larmes que de l’huile sur le feu, non?

Au lendemain de l’attaque à la mosquée de Québec, la province au grand complet a dénoncé cet acte barbare et envoyé des sous aux familles des victimes.

Maintenant, c’est à la communauté musulmane de dénoncer d’une seule voix les monstres qui font couler le sang d’innocents au nom de leur religion.

Nous, pendant ce temps, nous allons pleurer. Docilement. En fermant les yeux.

 ??  ?? On aime l’Occident lorsqu'il pleure en silence...
On aime l’Occident lorsqu'il pleure en silence...
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada