Marqué à jamais par les abus d’un prêtre
SAINT-HYACINTHE | La présumée victime d’un frère Mariste a raconté à la cour hier les marques laissées par les abus sexuels allégués, avouant même qu’il n’a jamais osé appliquer de la crème solaire à ses propres enfants.
«Je ne voulais pas les toucher [mes enfants]», a dit, la gorge serrée, l’homme dont on doit taire le nom puisqu’il était mineur au moment des faits.
Le procès des religieux Daniel Cournoyer et Réjean Trudel s'est ouvert hier au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Quatre jours sont prévus afin d'entendre les témoignages des cinq présumées victimes. À lui seul, le frère Cournoyer est accusé d’attentat à la pudeur sur deux adolescents de moins de 16 ans.
Celui qui a pris la barre des témoins hier est un ancien résident du Patro Lokal, qui était à l’époque un centre d’hébergement de Saint-Hyacinthe pour les jeunes de milieux défavorisés.
Alors qu’il était âgé de 15 ans, il aurait été invité dans le lit du frère Daniel Cournoyer, et celui-ci se serait invité dans le lit de la présumée victime une douzaine de fois de 1978 à 1979.
IL FRÔLE LA MORT
La présumée victime a gardé le silence pendant 25ans. Le fait d’avoir frôlé la mort, en 2012, l’a poussé à dénoncer ces méfaits.
Frappé par un infarctus à l’âge de 49ans, «j’ai demandé à mon ami de venir [à l’hôpital], car je croyais mourir», a-t-il relaté. C’est à ce moment qu’il a tout raconté pour la première fois.
Dès sa sortie d’hôpital, il a communiqué avec la congrégation des frères Maristes, afin de raconter son passé.
«Je voulais juste me libérer», a-t-il ajouté. On lui aurait offert 300 000 $ pour qu’il puisse se «guérir», ce qu’il a refusé. L’homme a toutefois admis avoir reçu un montant de 30000$ des frères. Il a ensuite décidé de porter plainte à la police.
À VOLONTÉ
Il a fugué à quelques reprises au cours de son adolescence. Ses parents, qui souhaitaient de l’aide, l’avaient envoyé vivre dans un pavillon pour les jeunes pendant deux ans. Il s’était finalement retrouvé chez les Frères Maristes, où il est resté pendant 14 mois.
«J’avais le droit à 2 $ à tous les jeudis, du chocolat, de la boisson gazeuse, des cigarettes et même de la bière les week-ends. Les frères étaient au courant qu’on prenait de l’alcool», a expliqué la présumée victime, sous-entendant qu’on achetait son silence.
L’homme qui à l’époque ne voulait pas désobéir aux frères aurait subi des attouchements sexuels, des caresses sous les vêtements ainsi que des masturbations.
« Je n’ai Jamais été capable de mettre de la crème solaire à mes enfants, car Je ne voulais pas les toucher » – Présumée victime