Le Journal de Montreal

Charles Bronfman, un passionné de baseball

- RODGER BRULOTTE rodgers.brulotte@quebecorme­dia.com

Cette semaine j’ai fait une entrevue pour TVA Sports avec l’ancien propriétai­re des Expos, Charles Bronfman, concernant son livre intitulé Appelez-moi Charles.

L’ironie du titre, c’est que depuis 1969, j’ai toujours amorcé mes discussion­s avec lui en disant «monsieur Charles».

Cela m’a pris beaucoup d’années, plus de 40 ans, pour m’apercevoir que malgré le fait que nous étions aux antipodes, lui un jeune multimilli­onnaire... et moi juste jeune... nous étions tous les deux des passionnés de baseball.

Les chemins de notre jeunesse étaient parallèles.

Dans les années 40, il assistait aux matchs des Royaux au Stade Delormier. À la fin des années 1950, c’était à mon tour de me rendre au coin de Delormier et Ontario pour voir les Royaux à l’oeuvre.

Il a vécu l’époque de Jackie Robinson et de Duke Snider. Ses yeux brillaient lorsqu’il m’a confié qu’il avait aussi vu les Québécois Stan Bréard, Roland Gladu et Jean-Pierre Roy, qui est devenu le premier commentate­ur des Expos à la radio et à la télé, dans l’uniforme des Royaux.

Je lui ai confié que je jouais au baseball pour les Loisirs St-Eusèbe, situés à deux coins de rue du Stade Delormier. Parmi les anciens Royaux que j’avais vus il y avait Don Drysdale, devenu commentate­ur des Expos, John Roseboro et le populaire Tommy Lasorda.

SON ARRIVÉE AVEC LES EXPOS

M. Charles était un avant-gardiste. Il a souri en me déclarant qu’en 1968 le stade devait avoir un toit et être construit au centre-ville... mais que finalement le maire Drapeau voulait un stade pour les Jeux olympiques, d’une durée de deux semaines au lieu d’un stade de baseball qui serait utilisé pendant 30 ans.

M. Charles et John McHale ont trouvé le nom «Les Expos» qu’ils ont présenté au maire. C’était hors de question, répliquait le maire Drapeau, car il n’y avait qu’un Expo et c’était Expo 67. M. Charles lui a tenu tête.

Il a dû vivre avec les décisions du maire Drapeau qui n’étaient pas conformes aux discussion­s préliminai­res dans l’éventualit­é qu’il devienne propriétai­re des Expos.

UN VRAI PASSIONNÉ

Le camp d’entraîneme­nt était la période que M. Charles appréciait le plus. Cela lui permettait de partager de beaux moments avec le personnel non-baseball des Expos qui se traduisait en match de tennis matinal ou après un match en après-midi.

Il adorait recevoir le personnel des Expos à sa résidence de Palm Beach dans le cadre d’une réception qui réunissait les gens de tous les secteurs des Expos.

Il prenait toujours le temps de s’informer sur les activités dans lesquelles les gens étaient impliqués, mais il ne fallait jamais oublier que la victoire était son but ultime.

Ne pas avoir atteint ce but est encore, aujourd’hui, pour lui une grande déception.

ANECDOTE

Voici une anecdote, comique aujourd’hui, mais pas à l’époque, qui démontre son vouloir de gagner.

Le père spirituel de Youppi, Roger D. Landry était le vice-président marketing des Expos. Lors d’une réunion avec M. Charles et John McHale, le président des Expos, le sujet de l’heure était la prolongati­on du contrat d’un lanceur vedette des Expos.

M. Landry disait mordicus que le montant offert au joueur était trop élevé. M. Charles lui répondit: «mon cher Roger c’est plus difficile de trouver un lanceur de qualité… qu’un vice-président marketing ». Fin de la discussion. Ma rencontre avec mon ancien patron des Expos, M. Charles, m’a permis encore une fois de réaliser jusqu’à quel point les amateurs de baseball étaient choyés de pouvoir compter sur lui.

Il était un propriétai­re passionné de baseball, contrairem­ent à ceux qui l’ont suivi... qui étaient des passionnés de faire de l’argent.

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Ma rencontre avec mon ancien patron des Expos, M. Charles Bronfman, m’a permis encore une fois de réaliser jusqu’à quel point les amateurs de baseball étaient choyés de pouvoir compter sur lui, un propriétai­re passionné par le sport et non l’argent.
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