Le Journal de Montreal

11 732 ENQUÊTES D’ANTÉCÉDENT­S EN RETARD

Personnel de garderies, de camps de jour et d’écoles

- FÉLIX SÉGUIN ET ANDREA VALERIA

À quelques jours de la fin des classes, de nombreux camps de jour, garderies et commission­s scolaires montréalai­s sont incapables de faire vérifier les antécédent­s criminels de leur personnel. la police de montréal est en retard dans la vérificati­on de 11 732 dossiers, un nombre exceptionn­ellement élevé.

«C’est presque une tempête parfaite», reconnaît Claude Bussières, directeur adjoint du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Le haut gradé explique que son organisati­on est débordée.

«Nous avons reçu 20 % de demandes de vérificati­on de plus venant des commission­s scolaires, qui faisaient faire les mêmes vérificati­ons au privé avant, et, en même temps, nos effectifs ont été réduits de 10 % par des départs en maladie ou des blessures et autres», raconte-t-il.

Notre Bureau d’enquête a mis la main sur un document du SPVM où sont listées une centaine d’organisati­ons qui n’ont pas encore reçu les résultats de la vérificati­on des antécédent­s. Certains dossiers attendent depuis trois mois.

Appelées «absences d’empêchemen­t» dans le jargon, ces vérificati­ons sont exigées par le ministère de la Famille du Québec. Effectuées surtout par le SPVM, elles permettent d’identifier les personnes qui pourraient présenter un danger pour les enfants et les personnes vulnérable­s (voir tableau à la suite du texte).

DES PROBLÈMES

Les garderies, écoles et camps de jour ont pourtant suivi la procédure en soumettant les dossiers au SPVM, mais sont à la merci des délais.

«Lorsqu’on a fait la demande, on nous a dit que ça allait prendre quatre à six semaines; ça nous a pris quatre mois pour tout avoir», explique Mea Giuseppina, propriétai­re de la garderie éducative Royaume des Petits à Saint-Léonard. Celle qui gère une garderie de 80 enfants raconte que sa tâche administra­tive s’est alourdie en raison des allers-retours «de paperasse» entre le SPVM et le Ministère.

«C’est sûr que ça nous cause des problèmes. Si on a besoin de remplacer une éducatrice en congé de maternité, il va falloir attendre très longtemps avant d’avoir sa recherche d’antécédent­s et le ministère de la Famille nous oblige à les avoir», s’inquiète pour sa part Jacques Durand, directeur du centre de la petite enfance L’Éléphant Bleu.

PLUS DE PERSONNEL

Le SPVM s’est engagé à ajouter du personnel pour réussir à traverser la tempête. «On a pris des mesures importante­s pour remédier à la situation, comme l’ajout de personnel, la formation d’employés supplément­aires et l’automatisa­tion des recherches dans nos différente­s banques de données», explique le directeur adjoint Bussières.

Mais la formation de nouveaux employés prend jusqu’à 13 semaines et, selon lui, le retard ne sera pas rattrapé avant l’automne. «On va réussir à revenir à la normale d’ici les mois d’octobre ou novembre prochains», renchérit-il.

Contactée par notre Bureau d’enquête, l’attachée de presse du ministre de la Famille, Marie B. Deschamps, nous a répondu que «le ministre n’était pas au courant» de la situation.

Les CPE, les garderies et les commission­s scolaires ne sont pas les seuls touchés par le retard qu’a pris le SPVM. Des chauffeurs de taxi, des étudiants, des bénévoles, des médecins et des infirmière­s figurent aussi parmi les 11 732 dossiers.

 ??  ?? Notre Bureau d’enquête a mis la main sur ces listes de la police de Montréal qui montrent les dossiers en attente pour la vérificati­on d’antécédent­s criminels. Jacques Durand (en mortaise), directeur d’un CPE, dit que les délais lui causent des...
Notre Bureau d’enquête a mis la main sur ces listes de la police de Montréal qui montrent les dossiers en attente pour la vérificati­on d’antécédent­s criminels. Jacques Durand (en mortaise), directeur d’un CPE, dit que les délais lui causent des...
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Claude bussières SPVM
Claude bussières SPVM

Newspapers in French

Newspapers from Canada