Catastrophe évitée de peu au Bloc québécois
OTTAWA | le vent de mutinerie qui enflait au Bloc québécois a été apaisé hier après quelques excuses de sa chef martine ouellet à l’issue d’une longue réunion derrière des portes closes.
«On a eu des discussions, moi et Rhéal [Fortin]. Je veux lui présenter mes excuses pour ce qui s’est fait», a affirmé la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, aux journalistes à la sortie d’une réunion d’urgence de plus de quatre heures avec ses dix députés, hier.
Ces négociations secrètes, dans lesquelles le ton a parfois monté, ont évité toute démission.
CONFIANCE ROMPUE
Le parti indépendantiste semblait jusque-là au bord de la rupture alors que sept députés bloquistes sur dix avaient publiquement attaqué leur chef, avec qui la confiance était «rompue».
Mercredi, des révélations selon lesquelles l’homme de confiance de la chef avait laissé filtrer des informations aux médias pour nuire à la réputation du député Rhéal Fortin ont suscité la colère de ce groupe de sept députés.
Aussitôt renvoyé, Louis-Philippe Dubois a expliqué dans une lettre qu’il avait simplement voulu défendre sa chef, qualifiant de «toxique et intenable» la dynamique au Bloc.
«Le lien de confiance a été rétabli [avec Martine Ouellet]. Il y a eu des discussions franches», a déclaré Louis Plamondon à la sortie de la réunion. Il faisait partie des sept élus qui demandaient des comptes à Mme Ouellet.
À peine quelques heures plus tôt, l’élu confiait que les négociations étaient dans «une impasse» au sein du caucus du Bloc.
La majorité des députés bloquistes craignait surtout l’attitude belliqueuse de Martine Ouellet, qui a qualifié leur sortie d’une «espèce de petite mutinerie» et «une guéguerre d’ego». Elle s’était d’ailleurs présentée à la réunion en scandant «la récréation est finie».
TENSIONS
Le couronnement de Martine Ouellet à la tête du Bloc, en mars, a fait émerger deux clans au sein des troupes.
Trois députés de l’entourage de la chef qui ont des fonctions privilégiées au sein du parti, Xavier Barsalou Duval, Marilène Gill et Mario Beaulieu, étaient restés fidèles à la chef.
Les sept députés restants, dont quatre qui ont appuyé Mme Ouellet à la direction du parti, menaçaient de ne plus collaborer avec elle si elle ne rétablissait pas leur confiance.
«On est entré deux équipes, on est sorti unis en une seule renforcée. On a décidé de regarder plus ce qui nous rassemble que ce qui nous divise», s’est félicitée Martine Ouellet, qui n’a pas précisé quelles concessions elle a dû faire pour y parvenir outre un «changement d’attitude».
Un employé du président du parti, Mathias Boulianne, a été choisi comme nouveau chef de cabinet de Mme Ouellet.