Mal de Bloc
les temps sont durs pour la «famille» souverainiste. À 23 % d’appuis, le Parti québécois en prenait déjà pour son rhume. Après la montée de la CAQ et la mort brutale de toute convergence avec québec solidaire, la crise pourtant prévisible au Bloc québécois était bien la dernière chose dont il avait besoin.
Même colmatée hier in extremis après une longue rencontre à huis clos, la fronde publique de sept députés bloquistes sur dix contre leur nouvelle chef, Martine Ouellet, éclabousse leur grand frère péquiste par ricochet. Encore de la bisbille. Encore de la division.
Cette histoire de luttes de pouvoir au sein du mini-caucus bloquiste opposait deux camps — soit une présumée «vieille garde» et la nouvelle faction ouelletiste. Depuis l’arrivée de Mme Ouellet à leur tête, ces deux camps d’irréductibles se regardaient en chiens de faïence.
Chez les sept rebelles, leur colère sentie contre Martine Ouellet prenait des airs de putsch. En réaction, les sorties méprisantes de celle-ci contre ses propres députés sentaient la menace d’une purge à la soviétique.
UNE CHEF ABSENTE
La sortie d’un caucus «uni» après la tempête marque-t-elle la fin du schisme qui se dessinait au Bloc? Ou est-elle le signe d’une unité de façade apte à craquer éventuellement? Seul le temps le dira. Une chose, par contre, est sûre. Martine Ouellet est dorénavant une chef sous surveillance de ses propres troupes.
Tenant par un fil depuis la vague orange de 2011, avec l’arrivée de Martine Ouellet, le Bloc s’est retourné contre lui-même. En peu de temps, le climat y a glissé de malsain à carrément empoisonné.
Sur fond de coulages médiatiques visant à nuire à l’ex-chef intérimaire du Bloc, d’un chef de cabinet et d’un chef parlementaire en menant trop large, se cachent aussi les combats classiques d’apparatchiks indélogeables et d’élus chouchous du chef pour les postes les plus influents.
Dans les grands partis, ces petites guerres sont discrètes. Dans un parti fragile comme le Bloc, leur impact est toxique. Les absences répétées de Martine Ouellet à Ottawa n’ont fait qu’allumer une mèche déjà chaude. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent…
PANIER DE CRABES
En refusant de voir les risques réels de siéger à l’Assemblée nationale comme députée tout en dirigeant le Bloc au fédéral, Martine Ouellet est la première responsable du gâchis. Les avertissements n’ont pourtant pas manqué. Le «transparlementarisme» dont elle se réclame étant aussi crédible qu’un gazouillis nocturne de Donald Trump.
Pour le PQ, ça tombe plutôt mal. Malmené, son chef espérait pouvoir profiter des dissensions internes qui se pointent aussi au PLQ. Y compris la frustration de plusieurs membres du caucus libéral n’ayant même pas été informés par le premier ministre de leur propre nouvelle politique d’«affirmation du Québec» avant qu’elle ne soit annoncée par M. Couillard.
Malgré la réconciliation d’hier, la bataille rangée au Bloc laissera des séquelles. Au prochain scrutin, les Québécois en seront les juges ultimes, mais les paniers de crabes séduisent rarement les électeurs.
Malgré la réconciliation d’hier, la bataille rangée au Bloc laissera des séquelles