L’ex-patron du FBI affirme que Trump lui a demandé sa loyauté
WASHINGTON | (AFP) l’ancien directeur du FBI James Comey a accablé hier Donald Trump lors d’une audition extraordinaire au Sénat.
«J’estime qu’il m’a limogé à cause de l’enquête russe», a déclaré James Comey après deux heures et demie de questions-réponses d’une grande franchise devant la commission du Renseignement du Sénat.
«Le but était de modifier la façon dont l’enquête sur la Russie était conduite. C’est très grave», a-t-il ajouté.
James Comey, 56 ans, a blâmé le président pour lui avoir intimé d’abandonner un volet de l’enquête russe sur un proche, Michael Flynn. Il a accusé l’administration Trump de diffamation et de mensonges. Et sous-entendu que le président lui-même était un menteur.
Les 17 sénateurs assis en face de l’ancien premier flic des États-Unis voulaient déterminer si les multiples requêtes présidentielles, formulées en tête à tête dans l’intimité du Bureau ovale ou d’un salon de la Maison-Blanche, représentent une entrave à la justice, un délit majeur qui a conduit au lancement par le Congrès de procédures de destitution contre Richard Nixon et Bill Clinton.
Il a refusé d’émettre un avis juridique, s’en remettant au procureur spécial Robert Mueller, qui a repris l’enquête sur la Russie.
Certes, personne ne lui a demandé explicitement d’arrêter l’enquête menée par le FBI sur les ingérences russes.
Mais il a confirmé que M. Trump lui avait demandé sa loyauté, alors même qu’il supervisait les investigations sur une éventuelle collusion entre des membres de l’équipe de campagne du républicain et la Russie pendant la campagne présidentielle de 2016.
«Mon bon sens me disait qu’il voulait quelque chose en échange de m’accorder ma demande de rester à mon poste», a-t-il dit, alors que son mandat courait jusqu’en 2023.
INSTRUCTION
M. Comey a détaillé la demande de M.Trump d’abandonner l’enquête visant le général Michael Flynn, exconseiller à la sécurité nationale, visé par une enquête du FBI pour n’avoir pas tout révélé de ses discussions avec l’ambassadeur russe.
«Je l’ai interprété comme une instruction, a-t-il dit, refusant de jouer sur les mots. Il est le président des États-Unis, seul avec moi, il dit qu’il espère ceci, je l’ai interprété comme une demande de sa part.»
«J’étais tellement stupéfait par la conversation que j’en suis resté bouche bée», s’est-il souvenu.
TRUMP NIE
L’avocat recruté par Donald Trump pour gérer la crise, Marc Kasowitz, a démenti que son client ait jamais demandé ou suggéré à M. Comey de mettre fin à une quelconque enquête.
«Sur le fond comme sur la forme, le président n’a jamais dit à M. Comey “J’ai besoin de loyauté, je m’attends à de la loyauté”», a-t-il déclaré.
Les sénateurs républicains ont vu une contradiction dans le témoignage de M. Comey. S’il était si choqué par le comportement de Trump, si un délit avait été commis, pourquoi ne l’a-t-il pas dénoncé ou démissionné?
M. Comey a expliqué n’avoir pas voulu faire d’exception à la règle de mutisme de la police fédérale.
« J’estime qu’il m’a limogé à cause de l’enquête russe » – James Comey