Le Journal de Montreal

Donner notre NIP aux Chinois ?

- Mario Dumont mario.dumont@quebecorme­dia.com

le gouverneme­nt Trudeau vient d’autoriser la vente à une société de Chine d’une entreprise technologi­que sensible, notamment en matière militaire. norsat Int. de vancouver passe aux mains du géant chinois Hytera. l’approbatio­n requise vient d’être donnée par les autorités fédérales après avoir raccourci le processus de vérificati­ons de sécurité.

Justin Trudeau veut rapprocher le Canada de la Chine, la chose est connue. La Chine constitue un immense marché pour l’exportatio­n en même temps que la puissance montante du monde. Nous serions notamment heureux de leur vendre davantage du pétrole de l’Ouest.

La stratégie de rapprochem­ent de la Chine est défendable. Surtout depuis que les États-Unis s’isolent du reste du monde et que la Chine se présente comme un géant fréquentab­le. La Chine qui joue maintenant un rôle apparent de leader sur les changement­s climatique­s.

NAÏVETÉ ?

Mais il y a une limite aux compromis que le Canada peut faire pour se trouver dans les bonnes grâces des Chinois. La Chine demeure un pays dirigé par le Parti communiste qui dirige tous les aspects de la vie de façon autoritair­e. Et toutes les entreprise­s doivent s’y rapporter.

La Chine n’a pas un bilan excellent sur des enjeux comme le respect de la propriété intellectu­elle ou l’espionnage industriel. Pour cette raison, la plupart des pays sérieux sont extrêmemen­t prudents avant d’autoriser l’acquisitio­n par des intérêts chinois de leurs entreprise­s de haute technologi­e... surtout avec un volet militaire.

Norsat vend des équipement­s de réception satellite de haut niveau. Ils sont utilisés dans l’aviation civile, mais la compagnie compte aussi parmi ses clients des ministères de la Défense de pays alliés, dont l’armée américaine. Vendre la technologi­e aux Chinois semble comporter des risques qui font sourciller bien des gens dans le domaine.

EXAMEN RIGOUREUX S.V.P.

Au minimum, une telle transactio­n, avant d’être approuvée, devrait faire l’objet des examens les plus minutieux du point de vue de la sécurité nationale. C’est là que le bât blesse. Le Globe and Mail nous apprenait hier que la transactio­n n’est pas passée à travers le processus complet d’examen relatif à la sécurité nationale.

Ce n’est pas la première transactio­n du genre qui soulève des questions sous l’ère Trudeau. En mars dernier, on a approuvé la vente de ITF technologi­es de Montréal, une entreprise dans le domaine de l’optique et des lasers à fibre. Le gouverneme­nt de Stephen Harper avait choisi de bloquer une semblable transactio­n.

D’ailleurs, d’autres pays comme la Grande-Bretagne montrent aussi beaucoup de réticence à laisser aller ses entreprise­s. En avril dernier, le même acheteur chinois Hytera s’est vu ralenti dans ses ardeurs au moment où il allait acquérir un fabricant de walkies-talkies. Là aussi, on a invoqué la sécurité nationale pour imposer un examen complet de la transactio­n.

Hier, conservate­urs et néo-démocrates ont conjugué leurs voix pour dénoncer la mollesse du gouverneme­nt Trudeau. Ils se sont retenus de faire référence au curieux souper privé de Justin Trudeau avec des financiers et des proches du gouverneme­nt chinois. Mais tous y pensent.

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Au minimum, une telle transactio­n avant d’être approuvée devrait faire l’objet des examens les plus minutieux du point de vue de la sécurité nationale.
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