Le Journal de Montreal

Une entrevue de Paul Arcand a fâché la SQ

L’ex-patron mario laprise voulait que les fuites cessent

- Hugo Duchaine

une entrevue de l’animateur Paul Arcand avec michel Arsenault, de la FTQ, aurait été l’élément déclencheu­r d’une enquête criminelle de la Sûreté du québec ayant mené à l’espionnage des registres téléphoniq­ues de six journalist­es.

Cependant, le morning man du 98,5 FM n’est pas l’un de ces six journalist­es épiés par la SQ, même s’il a dit en ondes, le 5 septembre 2013, avoir vu des transcript­ions de l’écoute électroniq­ue dont M. Arsenault avait fait l’objet en 2007 dans le cadre du projet Diligence.

«Ça devenait inacceptab­le, quand on a toutes les raisons de croire que les sources des journalist­es ont commis des crimes ou que des journalist­es eux-mêmes l’ont fait», a déclaré hier l’expatron de la SQ Mario Laprise, devant la commission Chamberlan­d sur la protection des sources journalist­iques.

ÉCOUTE ÉLECTRONIQ­UE

«Pour moi, c’est un délit. L’article 193 [du Code criminel] indique que tu n’as pas le droit de divulguer ou d’utiliser de l’écoute électroniq­ue obtenue par des autorisati­ons judiciaire­s. J’ai dit à mon équipe: “On est en train d’échapper le bébé, ça va arrêter quand?”» a-t-il dit.

Celui qui a dirigé la SQ de 2012 à 2014 a toutefois assuré que l’enquête était entamée avant qu’il n’apprenne que l’ex-président de la FTQ avait écrit au ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, pour se plaindre de cette fuite.

Si l’enquête sur cette fuite a été publiqueme­nt annoncée le 10 septembre par voie de communiqué, l’ex-DG la considérai­t déjà entamée, même avant l’appel du ministre Bergeron, qu’il a vu comme une forme de «validation».

DIGNE DU KGB

Pour sa part, l’ex-président de la Fédération des travailleu­rs du Québec (FTQ), Michel Arsenault, a comparé à des tactiques du dictateur Mussolini et du KGB la fuite, dans les médias, d’informatio­ns divulguées par des policiers de la SQ.

«C’était indigne d’une société de droit […] Je n’en croyais pas mes oreilles, qu’on ait transmis ces écoutes électroniq­ues», a-t-il raconté devant la Commission.

Le leader syndical, qui n’a jamais été accusé, y a vu une violation de sa vie privée.

Il avait déjà porté plainte à la SQ en 2011, après un appel d’une journalist­e concernant l’écoute électroniq­ue. Comme cette plainte était restée lettre morte, il avait ensuite décidé de se plaindre au ministre.

Pour trouver cette fuite, la SQ a épié les registres téléphoniq­ues d’Alain Gravel, de Marie-Maude Denis et d’Isabelle Richer, de Radio-Canada, de Denis Lessard et d’André Cédilot, de La Presse, et d’Éric Thibault, du Journal.

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L’ex-patron de la SQ Mario Laprise a dit hier devant la commission Chamberlan­d que l’enquête criminelle sur les fuites n’était pas une commande du ministre Bergeron.
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michel arsenault Ex-président de la FTQ

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