Le Journal de Montreal

La tentation autoritair­e

- LISE RAVARY Blogueuse au Journal Communicat­rice, journalist­e et chroniqueu­se lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

J’ai l’impression de vivre un moment historique. En équilibre au bout de ma chaise, j’ai les yeux rivés sur CNN qui présente en direct le témoignage accablant — pour Donald Trump — de l’ancien directeur du FBI, James Comey, devant la Commission du renseignem­ent du Sénat américain.

C’est l’État de droit contre la tyrannie, la dignité contre la vulgarité, le vrai contre le faux. Et une superbe démonstrat­ion du raffinemen­t du système politique américain.

En cause, le président d’une puissance nucléaire, un menteur habituel que la loi emmerde et que les tyrans excitent, et un ex-chef de police payé pour appliquer la loi, y compris dans le cas du président qui y est réfractair­e.

MAUVAIS CHOIX DE CARRIÈRE

Trump a fini par découvrir qu’un pays ne se dirige pas de la même manière qu’une entreprise. Il ne peut faire sa loi, seulement respecter la loi. Quel malheur pour un homme dur, réputé pour n’en faire qu’à sa tête.

Il regarde avec envie ses amis, Poutine, Erdogan, Xi Jinping, Al-Sissi et Duterte. Personne ne peut leur dire quoi faire. Vous ne verrez jamais un chef de police russe traiter le président de menteur à la télé. Pas s’il tient à la vie.

Beaucoup de gens, persuadés que les dirigeants actuels sont trop mous face à la terreur et au crime, rêvent d’un super sauveur. Le terreau est fertile pour l’éclosion de gouverneme­nts qui ont de la poigne. Il en faut, de la poigne, mais même quand un tyran s’occupe du peuple, il demeure un tyran. Hugo Chavez en est le prototype. Ici, l’État de droit n’est pas en danger, mais je sens qu’une partie des Québécois ne détesterai­t pas un durcisseme­nt dans la manière de diriger. Je suis toujours étonnée de voir qu’autant de Québécois aiment Vladimir Poutine.

Entre l’État de droit et la tyrannie, il ne peut y avoir qu’un gagnant.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada