La tentation autoritaire
J’ai l’impression de vivre un moment historique. En équilibre au bout de ma chaise, j’ai les yeux rivés sur CNN qui présente en direct le témoignage accablant — pour Donald Trump — de l’ancien directeur du FBI, James Comey, devant la Commission du renseignement du Sénat américain.
C’est l’État de droit contre la tyrannie, la dignité contre la vulgarité, le vrai contre le faux. Et une superbe démonstration du raffinement du système politique américain.
En cause, le président d’une puissance nucléaire, un menteur habituel que la loi emmerde et que les tyrans excitent, et un ex-chef de police payé pour appliquer la loi, y compris dans le cas du président qui y est réfractaire.
MAUVAIS CHOIX DE CARRIÈRE
Trump a fini par découvrir qu’un pays ne se dirige pas de la même manière qu’une entreprise. Il ne peut faire sa loi, seulement respecter la loi. Quel malheur pour un homme dur, réputé pour n’en faire qu’à sa tête.
Il regarde avec envie ses amis, Poutine, Erdogan, Xi Jinping, Al-Sissi et Duterte. Personne ne peut leur dire quoi faire. Vous ne verrez jamais un chef de police russe traiter le président de menteur à la télé. Pas s’il tient à la vie.
Beaucoup de gens, persuadés que les dirigeants actuels sont trop mous face à la terreur et au crime, rêvent d’un super sauveur. Le terreau est fertile pour l’éclosion de gouvernements qui ont de la poigne. Il en faut, de la poigne, mais même quand un tyran s’occupe du peuple, il demeure un tyran. Hugo Chavez en est le prototype. Ici, l’État de droit n’est pas en danger, mais je sens qu’une partie des Québécois ne détesterait pas un durcissement dans la manière de diriger. Je suis toujours étonnée de voir qu’autant de Québécois aiment Vladimir Poutine.
Entre l’État de droit et la tyrannie, il ne peut y avoir qu’un gagnant.