Le Journal de Montreal

Barak Obama : le magicien des mots

- fatima.houda-pepin@quebecorme­dia.com

l’allocution de Barak obama, ancien président américain, le 6 juin dernier, devant 6000 participan­ts, au Palais des congrès de montréal, n’entrera pas dans l’histoire comme l’un des 100 discours qui auront marqué le XXIE siècle.

Mais elle tombe à point nommé dans ce contexte de morosité et d’incertitud­e politique qui règne sur la planète depuis l’arrivée au pouvoir du turbulent Donald Trump à la Maison-Blanche. De ce simple fait, la présence du père du «Yes We Can» était assez rassurante.

MESSAGE D’ESPOIR

À la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, Barak Obama a joué la carte de l’apaisement. Il savait qu’il s’adressait à des gens d’affaires anxieux du sort qui sera réservé à l’ALENA et à des Canadiens inquiets face aux gesticulat­ions du nouvel hôte de la Maison-Blanche.

Le discours était tout en généralité­s, du genre «nous ne pouvons arrêter le progrès» ou encore «il faut réduire l’écart entre les riches et les pauvres». Et comme on pouvait s’y attendre, il a fait l’apologie de la diversité et de l’immigratio­n et rappelé l’importance de l’Accord de Paris sur les changement­s climatique­s comme «une chance pour nos enfants.

Face à un public largement jeune, il nous a vendu de l’espoir, une denrée rare en cette période de déprime. Mais au-delà de son éloquence, l’homme c’est le style. Sa stature, son allure décontract­ée, sa simplicité, son sourire, son sens de l’humour, sa gestuelle et son ton de voix sont autant d’atouts qui ajoutent à son charme.

L’HOMME DES DISCOURS

Barak Obama ne laisse personne indifféren­t depuis que le Philadelph­ia Inquirer a posé la question, en 2004: «Qui est ce mec?» quand il a électrisé la convention démocrate, à Philadelph­ie, à l’investitur­e de John Kerry.

À trois reprises, au moins, il a pris la parole sur l’épineuse question de la discrimina­tion raciale. Avec le pouvoir des mots, il a réussi à apaiser les tensions.

En mars 2008, à Philadelph­ie, où il a appelé à la réconcilia­tion d’une Amérique post-raciale. En mars 2015, à Selma, lors du cinquantiè­me anniversai­re du Bloody Sunday et en juin 2015, en chantant Amazing Grace aux funéraille­s de 9victimes noires, assassinée­s à Charleston, par un suprémacis­te blanc.

LE DISCOURS Du CAIRE

Mais le discours qui propulsera Barak Obama parmi les immortels est celui du 4 juin 2009, il y a huit ans, à l’Université du Caire, conjointem­ent avec la célèbre Université Al-Azhar, sous le thème «Un nouveau départ».

Dans un contexte explosif où les États-Unis sont haïs aux quatre coins du monde arabo-musulman, à la suite du 11 septembre, de l’axe du mal de Georges W. Bush et des interventi­ons militaires américaine­s au Moyen-Orient, Barak Obama s’amène dans l’épicentre du volcan.

Il se présente comme Barak Hussein Obama, insiste sur ses origines kenyanes, de père musulman, et rappelle l’apport inestimabl­e de la civilisati­on musulmane à la renaissanc­e et à l’essor de l’Occident et promet que «Les États-Unis ne seront jamais en guerre contre l’islam».

Il a abordé de front les sept sujets qui empoisonne­nt les relations am éric a no musulman es: l’ invasion de l’Irak, le nucléaire, la démocratie, la liberté de religion, les droits des femmes, le développem­ent économique et le conflitisr­aélopalest­inien, et pousse l’ audace jusqu’à soutenir la création d’un l’État palestinie­n.

Sur le coup, ses paroles avaient confondu les sceptiques. Mais depuis, la déception est totale.

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 ??  ?? L’allocution prononcée par l’ancien président américain Barack Obama à Montréal, mardi, ne passera pas à l’histoire, mais elle tombe à point nommé dans ce contexte de morosité et d’incertitud­e politique.
L’allocution prononcée par l’ancien président américain Barack Obama à Montréal, mardi, ne passera pas à l’histoire, mais elle tombe à point nommé dans ce contexte de morosité et d’incertitud­e politique.
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