Une acéricultrice craint la faillite de son entreprise
Angèle Grenier revendiquait le droit d’exporter son produit hors du québec
OTTAWA | une productrice de sirop d’érable de la Beauce craint la faillite à la suite de la décision de la Cour suprême du Canada, qui a refusé d’entendre sa cause, hier.
«Je suis extrêmement déçue. Je croyais avoir de bonnes chances d’être entendue», a laissé tomber Angèle Grenier en entrevue téléphonique, la voix chevrotante.
La Cour suprême était le dernier espoir de Mme Grenier, qui se bat contre la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) depuis le début des années 2000 pour avoir le droit de vendre son sirop à qui elle l’entend.
Depuis des années, elle prétend avoir le droit d’exporter son produit à l'extérieur du Québec, en vertu des lois fédérales.
Affiliée à l’Union des producteurs agricoles (UPA), la FPAQ applaudit de son côté la décision du plus haut tribunal du pays, qui valide par le fait même son autorité dans la province.
« CARTEL »
Mme Grenier dit que la saga judiciaire l’a amenée sur le bord de la faillite. L’amende qu’elle devra payer à la Fédération, à l’issue de la décision de la Cour suprême, pourrait donner le coup de grâce à son entreprise.
Elle espère aujourd’hui trouver un arrangement équitable avec la Fédération, qui est un «cartel», selon elle.
Mais Mme Grenier dit craindre qu’on fasse d’elle un exemple pour mettre au pas les autres acériculteurs rebelles.
Plusieurs de ceux qui défient l’autorité de la FPAQ attendaient d'ailleurs avec impatience le dénouement de l’affaire, avance-t-elle.
«S’ils me mettent en faillite, ça va faire peur aux autres producteurs», a-t-elle affirmé.
Se disant «attristée» de la situation, la porte-parole de la FPAQ, Caroline Cyr, rejette les prétentions d’Angèle Grenier.
«On va continuer de négocier avec elle. Notre but n’est pas d’acculer à la faillite les producteurs», a assuré Mme Cyr.
Caroline Cyr estime que les règles en place depuis 1989 sont justes et permettent à tous les producteurs d’y trouver leur compte.
Elle rappelle que l’industrie n’était «pas viable» avant l'adoption du cadre actuel, en raison de la fluctuation de la production et de la demande.
«Aujourd'hui, le sirop d’érable au Québec est une industrie très lucrative qui a le vent dans les voiles», a-t-elle plaidé.