Le Journal de Montreal

Une acéricultr­ice craint la faillite de son entreprise

Angèle Grenier revendiqua­it le droit d’exporter son produit hors du québec

- GUILLAUME SAINT-PIERRE

OTTAWA | une productric­e de sirop d’érable de la Beauce craint la faillite à la suite de la décision de la Cour suprême du Canada, qui a refusé d’entendre sa cause, hier.

«Je suis extrêmemen­t déçue. Je croyais avoir de bonnes chances d’être entendue», a laissé tomber Angèle Grenier en entrevue téléphoniq­ue, la voix chevrotant­e.

La Cour suprême était le dernier espoir de Mme Grenier, qui se bat contre la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec (FPAQ) depuis le début des années 2000 pour avoir le droit de vendre son sirop à qui elle l’entend.

Depuis des années, elle prétend avoir le droit d’exporter son produit à l'extérieur du Québec, en vertu des lois fédérales.

Affiliée à l’Union des producteur­s agricoles (UPA), la FPAQ applaudit de son côté la décision du plus haut tribunal du pays, qui valide par le fait même son autorité dans la province.

« CARTEL »

Mme Grenier dit que la saga judiciaire l’a amenée sur le bord de la faillite. L’amende qu’elle devra payer à la Fédération, à l’issue de la décision de la Cour suprême, pourrait donner le coup de grâce à son entreprise.

Elle espère aujourd’hui trouver un arrangemen­t équitable avec la Fédération, qui est un «cartel», selon elle.

Mais Mme Grenier dit craindre qu’on fasse d’elle un exemple pour mettre au pas les autres acériculte­urs rebelles.

Plusieurs de ceux qui défient l’autorité de la FPAQ attendaien­t d'ailleurs avec impatience le dénouement de l’affaire, avance-t-elle.

«S’ils me mettent en faillite, ça va faire peur aux autres producteur­s», a-t-elle affirmé.

Se disant «attristée» de la situation, la porte-parole de la FPAQ, Caroline Cyr, rejette les prétention­s d’Angèle Grenier.

«On va continuer de négocier avec elle. Notre but n’est pas d’acculer à la faillite les producteur­s», a assuré Mme Cyr.

Caroline Cyr estime que les règles en place depuis 1989 sont justes et permettent à tous les producteur­s d’y trouver leur compte.

Elle rappelle que l’industrie n’était «pas viable» avant l'adoption du cadre actuel, en raison de la fluctuatio­n de la production et de la demande.

«Aujourd'hui, le sirop d’érable au Québec est une industrie très lucrative qui a le vent dans les voiles», a-t-elle plaidé.

 ??  ?? Angèle Grenier n’a pas réussi à faire entendre sa cause auprès de la Cour suprême. Elle dit aujourd’hui craindre qu’on fasse d’elle un exemple pour mettre au pas les autres acériculte­urs rebelles.
Angèle Grenier n’a pas réussi à faire entendre sa cause auprès de la Cour suprême. Elle dit aujourd’hui craindre qu’on fasse d’elle un exemple pour mettre au pas les autres acériculte­urs rebelles.

Newspapers in French

Newspapers from Canada